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Le Subaru Forester nouveau leader de sa catégorie

par Jacques Duval

Reconnue comme un ardent défenseur de la traction intégrale, la firme japonaise Subaru entend bien profiter de la manne qui tombe en ce moment sur les divers constructeurs automobile dont la gamme de modèles comprend un véhicule utilitaire sportif. Pleins feux sur le Forester, un 4X4 compact qui entend faire la vie dure aux plus récentes créations dans cette catégorie, que ce soit le CR-V de Honda ou le populaire RAV4 de Toyota.

Ce nouveau venu a même la prétention de se comparer au Jeep Cherokee au moyen de tableaux comparatifs plaçant le Forester en tête de liste pour l'habitabilité, l'espace pour les bagages, le niveau sonore et la consommation d'essence. Ces attributs sont partiellement imputables à l'aspect hybride du véhicule qui, aux dires de Subaru, chevauche la fine ligne de démarcation entre une voiture et un camion. En réalité, nous sommes en présence d'un heureux croisement entre une familiale conventionnelle et un 4X4 traditionnel. Le Forester, précisons-le, n'a pas été conçu à partir d'une feuille blanche. Il se rapproche d'une auto pour la simple raison qu'il emprunte sa plate-forme à la berline Impreza et ses divers organes mécaniques à la Legacy Outback, les deux voitures de tourisme de Subaru qui connaissent actuellement un succès exceptionnel. En chiffres, leur popularité a permis à la division automobile du comglomérat Fuji Heavy Industries de doubler ses ventes au Canada entre 1995 et 1997.

Design et marketing
Certains diront qu'il s'agit essentiellement d'un brillant exercice de design conjugué à une adroite opération de marketing et ils ne seront pas loin de la vérité. Jamais l'expression "faire du neuf avec du vieux" n'aura collée aussi bien à un véhicule. Subaru a réalisé un nouveau modèle à partir d'éléments déjà disponibles. La recette a cependant de nombreux avantages dont celui de réduire le coût de revient et conséquemment le prix de vente qui a été fixé entre 26 695 et 31 695 $ selon les versions. En plus, la génétique particulière du Forester lui permet d'éliminer les aléas habituels de ces gros 4X4 encombrants, inconfortables, peu sécuritaires et qui consomment comme de vrais alcooliques. En matière de sécurité active notamment, le Forester arrive bon premier avec la disparition de l'étiquette gouvernementale soulignant les dangers de capotage inhérents à ce type d'engin. Les utilitaires sport haut sur pattes et dérivés de camions ont en effet souvent tendance à se renverser lors de manoeuvres brusques simulant un changement de voie. La sécurité active de cette Subaru s'exprime aussi par la présence de deux coussins gonflables et nécessairement de ses quatres roues motrices à temps plein.

Parlons mécanique
Mécaniquement, la voiture est proche parente de la Legacy Outback avec le même groupe propulseur composé d'un moteur 4 cylindres à plat de 2,5 litres affichant 165 chevaux et d'une boîte de vitesses manuelle à 5 rapports ou de la transmission automatique. L'architecture du moteur a permis d'abaisser le centre de gravité tout en facilitant l'accès au véhicule. En revanche, sa garde au sol de 19 cm est semblable à celle d'un Outback et elle limite considérablement les déplacements hors route du Forester. Malgré son nom, cet utilitaire sport est plus à l'aise sur le macadam, bien qu'il m'ait été donné de franchir sans heurts plusieurs kilomètres à travers la réserve seigneuriale Kanauk reliée au Château Montebello. La suspension du nouvel utilitaire de Subaru est aussi empruntée au Legacy Outback tout comme la direction à crémaillère et les freins à disques et à tambours. Seule la version S plus chère reçoit des disques à l'arrière, bien que l'ABS soit standard partout. Finalement, les pneus quatre saisons ne sont pas conçus pour "la grosse ouvrage" mais s'avèrent plutôt silencieux et confortables. Autre détail digne de mention, la roue de secours est dotée d'un pneu conventionnel plein format logé sous le plancher du compartiment à bagages auquel on a accès au moyen d'un hayon relevable. Ce dernier se referme en tirant sur une cavité sculptée dans le hayon mais il eut été préférable de prévoir une poignée plus commode pour les personnes de petite taille. Le tour du propriétaire nous montre un véhicule particulièrement bien nanti au point de vue accessoires. On y trouve par exemple des phares antibrouillard, une banquette arrière repliable, une prise 12 volts, des sièges chauffants, une chaîne stéréo de 80 watts et une tonne d'espaces de rangement.

L'habitabilité fait aussi partie des points forts du Forester avec trois bonnes places arrière dont le seul handicap est un seuil de portière quelque peu étroit. Les sièges sont d'une fermeté agréable et procurent une position de conduite quasi irréprochable. De plus, la visibilité ne souffre pas d'angle mort et bénéficie de deux larges rétroviseurs extérieurs détachables.

Coureur des bois
Si, comme moi, vous n'êtes pas friand de 4X4, le Forester de Subaru risque de vous plaire tout de même. A son volant, on a davantage l'impression de conduire une voiture compacte en tenue de coureur des bois qu'un petit camion. Avec un empattement plus long qu'un Jeep Cherokee et, bien sûr, que les CR-V et RAV4 de ce monde, le Forester propose un confort de bon aloi. Seuls les 165 chevaux du moteur ne sont pas très convaincants. Le Forester se targue d'être l'utilitaire sport le plus puissant de sa catégorie mais les chiffres sont incapables d'appuyer une telle prétention. La puissance est potable à faible régime mais dès qu'on arrive autour de 80 km/h, les secondes s'égrennent et il faut compter un bon 11 secondes pour le 0-100 km/h alors que Subaru parle d'un temps de moins de 10 secondes. Le moteur, dit-on, a tout de même assez de couple pour tirer une remorque de 907 kg et sait se contenter d'environ 11 litres aux 100 km en conduite semi-urbaine.

Le comportement routier est très satisfaisant dans la mesure où l'on juge le Forester comme un utilitaire sport. La direction reste un peu étrangère à ce qui se passe sous les roues avant, le sous-virage est indéniable et il faut 40,6 mètres pour immobiliser le véhicule à partir de 100 km/h mais, dans l'ensemble, le véhicule a un comportement valable. La seule ombre au tableau est le hurlement du vent causé par le porte-bagages monté sur le toit dès qu'on atteint une vitesse de croisière. Il faut saluer la grande créativité de Subaru dans l'élaboration du Forester. A peu de frais, on a réussi à mettre au point un utilitaire sport compact qui va faire réfléchir la concurrence et surtout les acheteurs potentiels. Au lieu de regarder passer la parade, ce constructeur japonais est désormais en mesure de profiter de ce filon très lucratif qu'est le marché des 4X4. Comme opération de marketing, on pouvait difficilement faire mieux.

Fiche Technique Subaru Forester
Type: utilitaire sport compact, traction intégrale
Moteur: H4 boxer - 2,5 litres - 16 soupapes
Puissance: 165 hp @ 5600 t/min / 162 lb pi @ 4000 t/min
Transmission: automatique à 4 rapports
Direction: à crémaillère - assistée
Diamètre de braquage: 11,7 mètres
Suspension: av indépendante, arr indépendante
Freins: disques av / tambours arr - ABS
Fiche comparative
Voiture:
Subaru Forester
Toyota RAV4
Jeep Cherokee
Empattement: 253 cm 241 cm 258 cm
Longueur: 445 cm 415 cm 425 cm
Largeur: 174 cm 169 cm 172 cm
Hauteur: 160 cm 168 cm 163 cm
Poids: 1425 kg 1360 kg 2390 kg
Puissance: 165 hp 120 hp 190 hp
Pneus: 205/70R15 215/75R16 245/75R16
RÉservoir: 60 litres 58 litres 76 litres
Volume du coffre: 940 litres 460/933 litres 570/1219 litres


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