Le Lexus RX300 : la limousine des 4x4

Par Jacques Duval

Bien des véhicules utilitaires sport peuvent se prévaloir de l'épithète "limousine" mais rares sont ceux qui répondent véritablement à cette définition. Le nouveau RX-300 de Lexus est l'exception à la règle. Au chapitre du confort, il dépasse de loin les meilleurs efforts des Range Rover et cie. Même le Mercedes-Benz ML 320 n'arrive pas à offrir cette sensation de conduire une voiture de luxe plutôt qu'un camion déguisé. Plusieurs diront que le RX-300 n'est pas un vrai 4X4 et ils ont probablement raison. Il reste qu'il est capable d'accomplir sa part de besogne rude tout en affichant de très belles manières sur la route. N'est ce pas là l'essentiel d'un utilitaire sport, surtout quand on sait que moins de 10% des usagers de ce genre d'engin vont vraiment se promener hors des sentiers battus. Pour de nombreux automobilistes, le seul fait de quitter une route pavée pour emprunter un petit chemin de campagne en terre constitue du "tout terrain". Dans cette optique, le RX-300 est parfaitement à la hauteur comme j'ai pu le constater lors de son dévoilement à la presse automobile dans le superbe décor de Whistler en Colombie Britannique. Dans cet univers de neige, le RX-300 était autant à sa place à la porte du Château Whistler que sur les petits sentiers environnants.

Avant d'aller plus loin, permettez-moi un retour en arrière afin de souligner le cheminement de Lexus dans sa tentative de s'immiscer dans le lucratif marché des utilitaires sport où les ventes dépasseront les 1,4 millions d'unités en 1998.

Les premiers pas de la marque dans ce monde un peu irrationnel il y a moins de deux ans n'ont pas été, rappelons-le, une très grande réussite. Le LX 450 avait été concocté à la hâte à partir du Toyota Land Cruiser dans le but évident de permettre à la division Lexus de participer à l'engouement de la clientèle pour ce type de véhicule. Lexus n'a toutefois pas tardé à faire amende honorable avec une paire d'utilitaires sport parfaitement fignolés et de caractère tout à fait distinct.

Il eut été difficile de trouver un cadre plus approprié que Whistler, la station de ski huppée de la Colombie Britannique, pour lever le voile sur ces nouveaux venus que sont le LX 470 98 et le RX 300 1999. Le premier est une version profondément remaniée du LX 450, avec un nouveau moteur V8 et une toute nouvelle suspension, tandis que le second est un modèle tout neuf, sans doute plus modeste dans ses aptitudes hors route, mais qui pourrait bien devenir le chef de file d'une nouvelle génération de 4X4. Si le LX 470 se veut le nec plus ultra des utilitaires sport purs et durs, son jeune cousin, le RX 300, a de bien meilleures chances de recruter une vaste clientèle.

C'est non seulement le 4X4 le plus joliment tourné actuellement en production mais c'est sans doute aussi le plus civilisé. Par son prix (à partir d'environ 45 000$) et ses dimensions, il risque de s'avérer un sérieux rival du récent ML 320 de Mercedes-Benz.

Le 4x4 réinventé
Avec le RX 300, Lexus a réussi, somme toute, à réinventer le 4X4 ou, à tout le moins, à lui donner des qualités qu'on ne trouve pas chez ses concurrents. Contrairement à ses congénères, il consomme raisonnablement, offre le confort et le comportement routier d'une automobile tout en étant relativement à l'aise sur pistes et sentiers. Sachant que la majorité des conducteurs de 4X4 quittent rarement le bitume, le RX 300 s'emploie à redéfinir les paramètres de ce genre de véhicule. C'est, en quelque sorte, le compromis quasi idéal entre le 4X4 traditionnel et une voiture de luxe.

Le RX est d'ailleurs un proche parent de la Lexus ES 300. Sa colonne de direction, son sous-châssis avant et son bloc moteur en aluminium proviennent tous de cette berline de taille moyenne. Le moteur V6 de 3 litres monté transversalement a été retravaillé pour faire passer sa puissance de 200 à 220 chevaux. Il est ancré sur des supports "actifs" qui sont conçus de manière à réduire les vibrations. Le couple a aussi fait un bond important et 80 p. cent de sa force est disponible à compter de 1600 tours-minute. De telles valeurs, selon Lexus, donnent au RX 300 des performances supérieures à celles d'un Grand Cherokee à moteur V8.

Le RX 300 utilise une carrosserie monocoque. Il s'apparente aussi à une voiture par sa suspension à quatre roues indépendantes et son rouage intégral entièrement automatique ne nécessitant aucune intervention du conducteur. Ce système est très semblable à celui utilisé antérieurement sur la version européenne de la Toyota Célica Turbo. La caractéristique la plus éloquente du RX 300 est son coefficient de résistance à l'air. Contrairement aux 4X4 conventionnels qui sont aussi aérodynamiques qu'un mur de briques, ce nouveau venu possède un Cx de 0,36.

Une console nouveau genre
L'habitacle, bien sûr, épouse l'ambiance feutrée habituelle des produits Lexus avec une sellerie en cuir, des appliques de bois et de nombreux accessoires de luxe. Le tableau de bord se distingue par un petit écran posé au centre et affichant la température intérieure ou extérieure ainsi que les données de l'ordinateur de bord. D'un concept inédit, la console centrale se distingue par l'emplacement du levier de la transmission automatique monté sur un plan vertical et parfaitement à portée de la main. Cet aménagement a permis de diviser la console en deux sections avec une partie arrière que l'on peut reculer pour faciliter le passage du siège conducteur à celui du passager.

Grosso modo, le Lexus RX 300 semble fait sur mesure pour ceux qui recherchent la sécurité d'un 4X4 mais qui n'ont pas l'intention de jouer les coureurs des bois.

Plusieurs estiment que ce nouveau venu est davantage un croisement entre une familiale et un 4X4 mais quelque soit la définition qu'on lui donne, c'est à mon avis une très belle réussite.

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