Voler de ses propres ailes

Par Jacques Duval



 

Il fut un temps où Mazda et Ford s’entendaient comme larrons en foire et mettaient en commun leurs technologies et leur savoir-faire. Cette synergie entre les 2 constructeurs avaient abouti à plusieurs modèles quasi identiques comme les camionnettes Ford Ranger et Mazda Série B ou les VUS compacts Ford Escape et Mazda Tribute. De même, les voitures Ford Focus et Mazda 3, Ford Fusion et Mazda 6 partageaient leurs plates-formes et motorisations mais se distinguaient les unes des autres par des carrosseries et des aménagements intérieurs distinctifs.

Du côté des Ford Edge et Mazda CX-9, les ressemblances entre les 2 modèles étaient plus discrètes surtout que le CX-9 avait pris ses aises face à son besson américain en offrant un moteur V6 de plus grosse cylindrée et un châssis allongé permettant d’accueillir une 3e rangée de sièges.

Or, le partenariat entre ces constructeurs est chose du passé et Mazda doit maintenant voler de ses propres ailes depuis que Ford a retiré ses avoirs du portefeuille du constructeur japonais. Désormais, Ford ne conserve qu’une participation financière symbolique – laquelle est estimée à moins de 3% du capital de Mazda alors qu’elle atteignait 33,4 % dans les années 2000. Pour garnir ses coffres et réduire ses frais d’exploitation, Mazda fait maintenant alliance avec Toyota et FCA. Ces partenariats ont vu naître, notamment, la Toyota Yaris berline (Mazda 2) et la Fiat 124 (Mazda MX-5).


Une refonte complète
Dévoilé en 2007, le CX-9 a subi plusieurs changements esthétiques au fil des ans. Toutefois, le multisegment grand format de Mazda avait de plus en plus de difficultés à contrer les avancés technologiques de la concurrence. Conscient que le CX-9 avait besoin d’un électrochoc pour se démarquer des Ford Explorer, Honda Pilot et Toyota Highlander, Mazda a repoussé les limites de la créativité en modernisant sa silhouette selon les préceptes de la philosophie KODO – qui veut dire «âme du mouvement» en langage japonais.

Les lignes de cette nouvelle cuvée sont nettement plus fluides qu’auparavant et on reconnaît au premier coup d’œil les liens de parenté qui unissent le CX-9 à ses frères CX-3 et CX-5. Parmi les éléments de style qui caractérisent cette seconde génération, mentionnons la calandre pentagonale, le long capot plat, les rebords d’ailes biseautées, les portes-à-faux courts et les roues de grandes dimensions.

Le nouveau CX-9 est plus court de 3 cm que la génération précédente, mais grâce à son empattement allongé de 5,5 cm, les passagers arrière bénéficient d’un dégagement aux jambes plus généreux et disposent de plus d’espace pour sortir et entrer dans le véhicule. En contrepartie, l’espace utilitaire est moins volumineux qu’auparavant, et ce, peu importe que les sièges soient rabattus ou non. Néanmoins, la contenance du coffre est convenable et surpasse celui des Kia Sorento et Toyota Highlander.

Un habitacle feutré
Dès que l’on pénètre à l’intérieur du CX-9, on est empreint d’un décor raffiné qui rivalise avec les habitacles cossus des marques de luxe allemandes et japonaises. Cette touche de magnificence au niveau de la finition et la confection des plastiques, des garnitures et des cuirs permet au CX-9 de s’immiscer, sans exagérer, dans les plates-bandes des Mercedes-Benz GLE et Lexus RX.

La plus huppée des versions est la Signature qui offre des revêtements de siège en cuir Nappa dont l’élégance évoque les selleries faites sur mesure. On y trouve également des incrustations de bois de rose appliquées sur la console centrale et le tableau de bord.


Avant de passer aux performances du moteur, permettez-moi de vous dire que le silence de roulement s’apparente à une ambiance de monastère et contraste avec les autres produits de la marque qui n’ont pas la réputation de rouler sur la ouate. Pour nous convaincre que la quiétude fait maintenant partie des priorités de ses ingénieurs, Mazda a pris soin de nous mentionner que plus de 24 kg de matériaux insonorisants avaient été installés sous les 3 sections du plancher et que l’épaisseur du pare-brise et des glaces latérales avaient gagné quelques millimètres. De même, les sièges sont gavés de mousse uréthane à faible rebond pour réduire les vibrations de la route.

Un seul moteur
Mais, la plus grande surprise que nous réserve le CX-9 se cache dans le compartiment moteur puisque le vétuste V6 de 3,7 l d’origine Ford a laissé sa place à un nouveau L4 turbo de 2,5 l appelé Skyactiv-G 2.5T. Il faut avouer que les motoristes de Mazda sont culottés pour boulonner un 4 cylindres dans un véhicule doit le poids frise 1900 kg avec le rouage intégral. Or, si la puissance de 227 chevaux semble un peu juste, le couple de 310 lb pi compensent largement. Surtout que le nombre de chevaux augmente à 250 s’ils sont abreuvés avec de l’essence super. Si vous trouvez le prix de ce type de carburant trop cher, le moteur peut se contenter d’essence régulière à indice d’octane 87, et ce, sans risque d’abîmer ses composantes. On peut supposer que l’introduction de ce moteur annonce le retour de la MazdaSpeed 3.

Sur la route, la maniabilité de ce multisegment grand format nous fait presque oublier sa masse de 2 tonnes. La faible hauteur de la caisse et le bon réglage des suspensions permettent de virer à plat et d’aborder les courbes avec aplomb.
Malgré sa petite cylindrée et sa sonorité «cacanne», le moteur déplace sans effort le CX-9 grâce à l’abondance du couple à bas régime et l’étalement savamment étudié de la transmission automatique à 6 rapports. D’ailleurs, la capacité de remorquage atteint 1588 kg. Malgré le rendement satisfaisant de la boîte automatique, il est difficile de croire qu’un véhicule aussi moderne ne soit pas pourvu d’une transmission avec 8 ou 9 rapports.

Mais, laissons une chance au coureur car Mazda revient de loin et le petit constructeur nippon n’a pas les ressources financières de Toyota et Nissan. Pour renforcer son estime de soi, Mazda peut se consoler en sachant que le Highlander se contente également d’une boîte à 6 rapports alors que le Pathfinder s’en remet à une désagréable boîte CVT.


Fiche Technique Mazda CX-9
Type: utilitaire sport
Moteur: L4 2,5 l à turbocompresseur
Puissance: 227 hp @ 5000 tr/min, 310 lb pi @ 2000 tr/min
Transmission: automatique à 6 rapports
Direction: à crémaillère, assistée
Suspension: av indépendante / arr indépendante
Freins: av disques / arr disques - ABS
Accélérations 0-100 km/h: 7,9 s
 
  Mazda CX-9

Nissan Pathfinder

Toyota Highlander

Empattement: 293 cm 290 cm 279 cm
Longueur: 506 cm 501 cm 485 cm
Largeur: 197 cm 196 cm 192 cm
Hauteur: 172 cm 177 cm 173 cm
Poids: 1917 kg 2011 kg 1995 kg
Puissance: 227 hp 260 hp 270 hp
Pneus: 255/60R18 235/65R18 245/60R19
Capacité du réservoir: 74 l 73 l 72 l
Capacité de remorquage: 1588 kg 2268 kg 2268 kg

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