Forage sous-marin de 400 m dans la mer Baltique


Carola Schmidt, Tracto-Technik GmbH & Co. KG,
Collaboration spéciale

 

Kühlungsborn est une destination touristique en vogue au bord de la mer Baltique, environ 7 km à l'ouest de Heiligendamm, une ville devenue célèbre pour avoir accueilli le sommet du G8. Le nom de la ville est symbolique et correspond à "kühler Born" ce qui veut dire "source fraîche". En fait, l'administration thermale de la ville Kühlungsborn tente d'explorer une source tout à fait spéciale.

En effet, ce sera la mer Baltique qui fournira l'eau de mer nécessaire pour alimenter la piscine publique de bien-être de l'hôtel Morada, actuellement en construction. L'arrivée et le retour se font à l'aide de tubes d'aspiration et d'évacuation DN 160 en PE posés dans la mer.

C'est la société Paasch à Damendorf qui a été choisie pour ce chantier ayant proposé le procédé de forage à boue HDD. La société dispose d'une certaine expérience en ce qui concerne la pose de conduites de pompage d'eau de mer pour des établissements de bien-être et des aquariums et la pose de conduites dans des zones sensibles à la côte et dans l'Estran.

En outre, la société Paasch dispose de la compétence nécessaire concernant la logistique et la planification de chantiers dans les îles et spécialement dans les îles de la Frise. Par conséquent, la société est bien connue et reconnue depuis de nombreuses années dans la région de la mer du Nord et de la mer Baltique.

Dans son offre, elle avait prévu une durée de chantier d'environ 2 à 3 semaines. Le premier tronçon d'environ 120 m partait du chantier du futur hôtel, en passant sous les dunes jusqu'à la plage.

Ensuite, les experts avaient prévu la pose des conduites à une profondeur d'environ 3 à 4 m sous le fond de la mer et de prolonger le forage jusqu'au banc de sable pour éviter l'obstruction éventuelle de l'orifice du tube. Le fond de la mer est peu profond jusqu'au banc de sable pour retomber immédiatement après à une profondeur d'environ 5 m. C'est pourquoi, il a fallu louer un ponton et engager une équipe de plongeurs professionnels pour assurer la récupération de la tête de forage pilote, la mise en place de l'aléseur et les travaux d'entraînement et de branchement sous l'eau.

Après avoir achevé le premier tronçon, il fallait entamer les forages suivants depuis la plage et sur une distance de 400 m sous la mer.

Un sondage d'environ 30 m indiquait un sol assez favorable à forer - ce qui s'est avéré trompeur par la suite. Le système de forage fut installé tôt le matin, encore bien avant l'arrivée des premiers baigneurs. Afin de limiter les nuisances sonores pour les curistes, on avait déplacé les fauteuils-cabines en osier les plus proches du chantier prévu.

L'alimentation du système de forage en eau claire et en fluide de forage bentonite fut assurée à l'aide des deux tubes en PE déjà installés. À cet effet, les flexibles d'alimentation furent insérés dans les tubes depuis l'emplacement de la centrale de malaxage jusqu'à la plage. Par conséquent, en surface, personne ne fut dérangé par les tuyaux flexibles rendus invisibles. En effet, il ne fallait pas déranger les baigneurs, même si ceux-ci furent rapidement attirés par les travaux en raison de leur curiosité.

Entretemps, plusieurs bateaux transportant les pontons demandés étaient arrivés dans le petit port de plaisance de Kühlungsborn. Les pontons regroupés dans le bassin portuaire formaient une plate-forme de travail d'une surface de 160 m2 pouvant accueillir une mini-pelle. Sur les lieux d'installation, le ponton fut stabilisé par des pieux de 9 m. Or, on avait sous-estimé la houle. En effet, la mer agitée faisait rompre les pieux d'acier (Ø 200 mm). Il fallait donc les remplacer, provoquant ainsi une interruption des travaux d'environ 2 jours.

Mais chaque chose en son temps! Le premier forage pilote avec une tête de forage MDH s'était parfaitement bien passé étant achevé après 3 jours. Au bout d'environ 30 m, la détection se faisait depuis un zodiac, assez péniblement en raison de la mer agitée. En outre, il a fallu interrompre les travaux durant une journée en raison de la forte houle.

Pour éviter que le fluide de forage ne se dilue dans l'eau de mer, on avait ajouté deux additifs différents assurant ainsi une densité spécifique plus importante.

L'équipe de plongeurs composée d'un plongeur, d'un remplaçant et d'une personne supplémentaire pour manipuler le câble de sécurité et pour la communication fut prête à intervenir sur le ponton. Elle avait fait auparavant un entraînement à sec à la plage et suivi une courte formation concernant le démontage de la tête de forage et la mise en place de l'aléseur.

Un alésage à part entière ne fut pas prévu. En effet, le tube de 160 mm était sensé être entraîné dans le canal du forage pilote avec un aléseur de 250 mm. L'entraînement du tube et l'alésage du canal de forage se faisant donc simultanément. Le train de tube soudé à quatre points fut tracté dans la mer par un bateau pour être afflué afin d'éviter une poussée verticale dans le canal de forage. Après le branchement sous-marin qui a duré plusieurs heures, on a pu lancer l'entraînement. Or, au bout de seulement 60 m, rien n'allait plus...

En effet, l'aléseur s'était probablement bloqué dans le grès solide. Il n'y avait plus d'alternative, il fallait retirer la conduite depuis le ponton à l'aide de la mini-pelle. Les techniciens furent très étonnés lorsqu'ils constatèrent que tous les plaquettes de carbure de l'aléseur étaient définitivement usés et inutilisables. Sans tarder, l'équipe de forage décidait d'utiliser un "Hole Opener" de 25 cm fourni dans les accessoires pour le forage dans la roche. Ces travaux ont duré une journée entière, plus une journée pour la remise en place des tiges de forage y compris la tête de poussée. Ensuite, le tube a pu être entraîné sans problème avec une force de traction de seulement 4 t.

Le tube présentait une sur-longueur de 15 m. Après le démontage de l'aléseur, il fut tiré sans problème par une tractopelle - une preuve supplémentaire de la grande stabilité du canal de forage. Les quatre points d'entrée des tubes furent marqués de balises de positionnement (rouge pour le tube d'aspiration et blanc pour le retour).

Après l'expérience de la veille et la faible distance de seulement 5 m par rapport à ce premier forage, l'équipe prit la décision de se servir du moteur Grundorock pour le second forage. En raison d'une trop forte consommation de fluide de forage et l'épandage en conséquent, il a fallu interrompre les travaux au bout de 40 m, pour mettre en place une tête de forage spéciale se contentant d'une quantité de fluide nettement inférieure. En effet, cette nouvelle tête a permis l'achèvement du forage pilote sans encombre. D'un autre côté, les travaux de raccord furent retardés par la rupture et la réparation des pieux de stabilisation du ponton.

Grâce à une autorisation spéciale, l'entraînement a pu se faire durant la fin de semaine. Le samedi, dès 5h30 du matin et malgré des vents de 40 à 50 km/h, le train de tube soudé la veille fut tracté dans la mer. ...Les vacanciers ne se sont rendu compte de rien. Pour la durée de l'entraînement, le train de tube fut surveillé par le personnel stationné sur deux bateaux. À 9h30, on pouvait démarrer les travaux d'entraînement lesquels furent achevés le soir même.

Le reste fut de la routine. En effet, un tube de 300 mm fut foncé 5 à 6 m dans le fond de la mer et protégé par des roches contre la sédimentation. Le tube d'aspiration fut fixé par un collier à une hauteur d'environ 1,5m. Une fois par an, le tube doit être raclé pour éliminer la bernache. La même procédure est prévue pour le tube de retour et l'entonnoir.

Ce chantier difficile fut terminé à la pleine satisfaction du donneur d'ordre lequel a déjà annoncé un autre chantier du même genre.


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