Concertation internationale pour l'élimination des émissions de POP



par Nathalie Ross, M.Sc.

 

Ils n'ont rien à voir avec la musique, les POP : les polluants organiques persistants tels les BPC, DDT, dioxines et furannes. Leur popularité vient de leurs caractéristiques chimiques de toxicité et de persistance dans l'environnement. Des actions politiques concrètes, chapeautées par les Nations Unies, ont été mises de l'avant au niveau mondial pour la réduction à la fois de la production et de l'utilisation de plusieurs POP. En juin der-nier, Montréal était l'hôte de la rencontre du Comité intergouvernemental de négociation pour un instrument mondial de gestion des POP dans le but de concrétiser des ententes sur la pollution atmosphérique transfrontière.

Tableau 1

Toxicité des 12 POP faisant partie des négociations sous les auspices du Programme des Nations Unies pour l'environnement (PNUE).
Source: PSR Monitor

 12 POP prioritaires et leurs effets sur la santé humaine et animale

DDT
  • amincissement des coquilles d'oeufs
  • dysfonctionnement du système nerveux
  • affaiblissement du système musculaire suite à l'exposition de doses aiguës
Aldrin/Dieldrin/Endrin
  • effets similaires pour ces trois POP, l'endrin étant le plus toxique. Le dieldrin est 40 à 50 fois plus toxique que le DDT
  • associés à la suppression du système immunitaire
  • dysfonctionnement du système nerveux et lésions au foie suite à l'exposition de doses aiguës
Chlordane
  • classés parmi les produits probablement cancérigènes pour les humains par U.S. EPA (Environmental Protection Agency)
Heptachlor
  • l'heptachlor en forte concentration agit possiblement comme promoteur de tumeur des seins
  • effets significatifs sur la concentration de progestérone et d'strogène chez les rats de laboratoire
Mirex
  • associé avec la suppression du système immunitaire
  • effets toxiques chez les foetus de rats
Hexachlorobenzène (HCB)
  • EPA a classifié le HCB comme produits probablement cancérigène pour les humains
  • affecte le matériel génétique des cellules de foie humain
Toxaphène
  • associé avec le cancer et les troubles de reproduction et de développement chez les mammifères
Dioxines/Furannes
  • toxiques pour les systèmes endocrinien et immunitaire chez les humains
  • changement du taux d'oestrogène, de progestérone, de testostérone et de l'hormone de la thyroïde chez plusieurs espèces
  • inhibent l'action des oestrogènes chez plusieurs espèces, réduit la fertilité et la portée des souris, des rats et des primates
BPC
  • expositions du foetus associées avec des changements dans le développement, une diminutions des capacités psychomotrices et de la mémoire à court terme
  • éruption cutanée suite au contact avec la peau

Qui sont-ils?
Les POP, nommés également POR (polluants organiques récalcitrants ou rémanents), sont caractérisés par leur stabilité dans l'environnement et leur aspect bioaccumulatif. La stabilité des POP peut varier de quelques années à plusieurs décennies. La bioaccumulation signifie que les POP peuvent se concentrer dans les organismes et ce, en augmentant à chaque maillon de la chaîne alimentaire par les poissons, les oiseaux prédateurs et les mammifères jusqu'aux humains. Les POP se regroupent en trois catégories: les pesticides (ex. le DDT, le chlordane, le toxaphène et le mirex), les produits chimiques industriels (ex. les BPC) et les sous-produits ainsi que les contaminants (l'hexachlorobenzène, les dioxines et les furannes).

Les POP voyagent
Une étude réalisée en 1988, a démontré la présence de chlordane, un insecticide, dans les cellules graisseuses des pingouins en Antarctique et ce, à des milliers de kilomètres de la source. Les POP sont des produits chimiques semi-volatils. Lorsque rejetés dans l'environnement, ils entrent dans un cycle d'évaporation · de transport atmosphérique · et de condensation, communément appelé l'effet sauterelle. Les températures froides de l'Arctique ralentissent la vitesse d'évaporation et les POP s'y accumulent puis pénètrent dans la chaîne alimentaire. Au Canada, les plus fortes concentrations de POP se retrouvent dans l'Arctique, dans la région des Grands Lacs et dans le bassin du Saint-Laurent. Chez l'humain, les POP peuvent, entre autres, passer de la mère à l'enfant par le placenta et le lait maternel. À cet égard, des études ont montré que le lait maternel de certaines femmes inuit était jusqu'à neuf fois plus concentré en POP que les femmes vivant dans le sud du Canada.

Actions internationales de réduction des POP
Le Canada, avec des pays d'Europe et d'Amérique du Nord, a signé au Danemark deux ententes internationales visant à réduire les émissions atmosphériques de 16 POP et de trois métaux lourds polluants (plomb, mercure et cadmium). Ces ententes représentent les premières actions concrètes obligeant juridiquement une limitation d'émissions de POP à plusieurs États. La rencontre de Montréal donnait une plate-forme de négociations ciblant 12 POP pour lesquels une intervention était jugée immédiate et permettait de repérer d'autres POP requérant des mesures (Tableau 1). La fin de ces négociations est prévue pour l'an 2000, et une entente internationale fortement souhaitée.


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