Ford Escape / Mazda Tribute : les frères ennemis
Par Jacques Duval Tous les spécialistes sont d'accord, un fort pourcentage des personnes qui ont tenté l'aventure des gros véhicules utilitaires sports ne vont pas renouveler leur expérience. Ils trouvent ces véhicules trop encombrants, trop lourds et trop énergivores. Par contre, ils ne dédaigneraient pas en retrouver les qualités sur un modèle de plus petites dimensions. Ces même spécialistes prévoient que plusieurs seraient intéressés à se procurer un véhicule tout-terrain, mais un modèle compact. Ce sont les raisons qui ont incité la direction de Ford à demander à Mazda, son allié nippon, de développer un utilitaire sport d'un gabarit raisonnable qui comprendrait un rouage d'entraînement intégral inédit. Les ingénieurs de Dearborn semblent à l'aise lorsqu'il s'agit des grosses pointures, mais reconnaissent que de leurs homologues de Mazda à Hiroshima sont des maîtres des petits formats. Bien entendu, les deux marques commercialisent leur modèle respectif, l'Escape chez Ford et le Tribute chez Mazda. Il ne faut donc pas se surprendre s'il s'agit de jumeaux pratiquement identiques. Ils ont non seulement été développés par les mêmes personnes, mais leurs groupes propulseurs sont identiques. Mieux encore, ils sont assemblés à la même usine située à Claycomo, une municipalité dans la banlieue de Kansas City dans le Missouri.
Un habitacle "OptiSpace" Il faut également souligner que les portières arrière sont plus larges que la moyenne, ce qui facilite l'accès à bord. Enfin, la lunette peut s'ouvrir indépendamment du hayon, un avantage fort apprécié en certaines circonstances. Détail intéressant, les dossiers 60/40 de la banquette arrière peuvent s'incliner afin d'assurer un meilleur confort aux occupants.
Même mécanique, vocabulaire différent Le rouage d'entraînement intégral est également partagé alors qu'un mécanisme placé entre les essieux arrière comprend une chambre de pression remplie d'une huile spéciale qui engage des disques d'embrayage lorsqu'une ou plusieurs roues patinent. Le couple est alors réparti automatiquement vers les roues qui ont le plus d'adhérence. Contrairement aux boîtes de transfert à visco-coupleur, celle-ci assure une réponse plus progressive et plus rapide. Et on a eu la bonne idée d'installer sur le tableau de bord un commutateur qui permet de verrouiller le système et répartir le couple en mode 50/50 aux roues avant et arrière. Mais, mise en marché oblige, le système de traction intégrale offert sur l'Escape est appelé &laqno;Control Trac II» chez Ford et &laqno;RBC» chez Mazda. Même si cette idée peut paraître saugrenue, ces deux modèles sont initialement des tractions et le rouage intégral est offert en option. Si vous voulez mon avis, optez d'emblée pour l'intégrale. Ce système est non seulement très transparent, mais sa polyvalence convient très bien à nos conditions d'utilisation. Enfin, contrairement aux modèles des catégories supérieures généralement dérivées d'un châssis de camion, la suspension arrière est indépendante et la direction à crémaillère.
Un heureux compromis Notre tandem américano-nippon s'est révélé un compromis plus qu'acceptable aussi bien sur la route que dans les prés. L'Escape, tout comme le Mazda Tribute, enfile les courbes avec aplomb tandis que la direction est aussi précise que celle d'une berline de même catégorie. Le moteur V6 n'est peut être pas un foudre de guerre, mais permet tout de même des accélérations et des reprises dans la bonne moyenne. Par contre, en altitude, il a peiné pour gravir de longues pentes fortement inclinées. Malheureusement, notre essai ne s'est limité qu'aux modèles à moteur V6. Mais, compte tenu de nos impressions de conduite, il est certain que le déficit de 70 chevaux du moteur 2,0 litres risque de se faire sentir une fois le véhicule lourdement chargé. En comparaison avec le Mazda Tribute, l'Escape se distingue par une suspension plus souple, une direction plus assistée et une présentation extérieure un peu plus &laqno;macho». Bref, le Ford vise davantage vers l'acheteur nord-américain traditionnel tandis que le Tribute cible une clientèle plus exigeante en fait de précision de conduite. D'ailleurs, l'Escape a des angles de carrosserie plus en évidence tandis que le Tribute a une présentation davantage associée à celle d'une familiale. Pour le reste, c'est sensiblement la même chose. Tous les deux offrent presque tout ce que les acheteurs recherchent dans un utilitaire sport sans nécessairement en posséder les inconvénients. Il ne faudrait donc pas se surprendre que ce duo vienne déranger la présente hiérarchie dans la catégorie des véhicules utilitaires sport compacts. La possibilité d'offrir un moteur V6 de 200 chevaux risque d'être un atout de valeur.
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