XIIe Congrès international de la Viabilité hivernale, Turin - 27 au 30 mars 2006
Une question de point de vue!


Éric Lemieux, et Richard Hacker, Accent Contrôles Électroniques Inc.,
collaboration spéciale

 

Nous avons été marqué par beaucoup de détails au XIIe Congrès international de la Viabilité hivernale. Un des plus flagrants est la différence de taille entre les engins de déneigement européens et américains exposés.

Le camion du minstère des Transports du Québec (MTQ), objet de curiosité remarqué, semblait pourtant bien seul au milieu de tous les camions européens. Bien seul et... bien gros.

Une question de visibilité
La première différence qui saute aux yeux réside dans la forme de l'avant des véhicules porteurs.

Tous les véhicules européens ont des nez aplatis, le pare-brise est à la verticale du pare-choc et le chauffeur a une vue plongeante sur sa zone de travail et sur son chasse-neige.

Dans un camion à nez long, la visibilité rapprochée est nulle et l'opérateur cherche son chasse-neige. Seuls des fanions permettent de localiser ses extrémités.

Deux photos prises dans le camion du MTQ et un camion européen suffisent à illustrer cette différence.

La forme des cabines européennes pourrait laisser penser que la mécanique est moins accessible. Il n'en est rien car toute la transmission est à l'arrière de la cabine et le moteur est complètement découvert par le basculement aisé de la cabine.

Une question de poids et de longueur
Mais cette différence ne s'arrête pas là. Lorsqu'on compare des photos prises de profil de ces deux types de camion, on constate que le porte-à-faux avant (distance entre l'axe de l'essieu le plus en avant et le centre de gravité de l'outil en avant) est plus faible sur les camions européens que sur les camions américains. Le nez raccourci, le système normalisé de plaque d'attache très mince, le montage des grattes avec une articulation très ramassée donne un porte-à-faux moins long sur les chasse-neige européens que sur les chasse-neige américains.

Or un porte-à-faux élevé génère beaucoup de problèmes :

  • augmentation de l'encombrement total ;
  • augmentation significative du poids sur l'essieu avant ;
  • conséquemment, augmentation des efforts sur le châssis à l'avant et sur le dispositif d'attache ce qui oblige à augmenter encore le poids et au bout du compte les risques de surcharges de l'essieu avant ;
  • aire de grattage décalée par rapport aux lignes des roues, à un point que les roues peuvent tout simplement sortir de l'aire grattée, sauf à allonger démesurément la largeur de la gratte ;
  • augmentation de l'espace réel de braquage et donc du rayon de l'aire grattée lors des braquages courts (coin de rues par exemple).

Conclusion
On pourrait élaborer longtemps sur les différences entre les porteurs d'entretien d'hiver européens et nord-américains. En Europe, la tendance générale est à des porteurs plus petits, plus maniables, plus conçus comme des porte-outils que comme des camions polyvalents, leur petite taille et le faible porte-à-faux avant induisent une meilleure maniabilité bien adaptée aux routes ou rues plus étroites. Leur cabine offre un confort et une sécurité de conduite très supérieure aux camions américains. Leur poids plus faible, des chaînes cinématiques plus performantes et une meilleure transmission des efforts au sol permettent des performances équivalentes avec des moteurs moins puissants et nettement moins gourmands. Aux démonstrations à Sestrières, les petits porteurs ont fait belle figure face aux plus gros engins que ce soit en grattage ou en soufflage.

Vu l'importance de nos hivers et l'augmentation du coût du carburant, il est peut être grand temps de s'intéresser au virage que les Européens ont pris il y a déjà une vingtaine d'années.


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