Lorsque vous creusez, vous trouvez un trésor

 

Par Marcel Tremblay

 

On dit souvent que l'on détruit quelque chose pour l'embellir, pour lui donner un second souffle. Le fait-on vraiment pour notre environnement ? C'est la réflexion que j'ai eue après avoir chargé le coffre de la voiture de quatre bidons de cinq gallons d'eau.

Vendredi dernier, le 19 juillet à 16h30, à part le pont Champlain, la seule option que j'avais pour sortir rapidement de la ville était le pont Victoria. Depuis la veille et jusqu'au dimanche soir suivant, le pont Jacques Cartier, axe routier majeur de la région métropolitaine, avait été fermé pour des réparation majeures. Avec le parc automobile qui ne cesse de croître d'année en année, comment pouvions-nous douter du fait que nos ouvrages d'art, les ponts, allaient durer indéfiniment ? Nous passons notre temps à réparer et rénover nos infrastructures.

Sur près d'un kilomètre, la circulation ne bouge pas. C'est un tablier rempli de centaines de voitures desquelles émane une quantité phénoménale de dioxyde de carbone. Les plus vielles voitures rejettent ce gaz à effet de serre encore plus que les modèles plus récents. Qu'à cela ne tienne, les gouvernements nous ont promis un resserrement des normes pour les émissions de polluants provenant des petits moteurs. L'odeur d'uf pourri qui se propage dans l'habitacle de la voiture peut nous laisser songeur sur cette politique à venir.

L'usine de recyclage que l'on croise du regard ou même le bruit des caisses de plastique que ramassent chaque semaine les préposés à la collecte sélective laissent croire à une prise de conscience sociale élevée de la population face à la récupération des déchets domestiques. Nettoyer chaque contenant de plastique ou de verre, plier adéquatement chaque boîte de carton, bien attacher les revues et les journaux Voilà qui demande une grande volonté de "faire sa part" pour l'environnement. Que fait-on exactement avec tout ça ? Comment détermine-t-on ce qui est recyclable et ce qui ne l'est pas ? Les matières dangereuses sont récupérées par qui ?

Dans les matières dangereuses dont on tait l'existence se trouvent les huiles usées qui contaminent le sol et la nappe phréatique. Sur l'île de Montréal seulement nous venons de dépasser les 3000 sites contaminés. Il y en aurait plus de 450 000 sur le territoire américain. Le sujet est timidement traité. L'huile ou les autres produits en question qui s'y infiltrent sont-ils complètement pompés ? Comment remédie-t-on à ce délicat problème ?

Nos gouvernements semblent engagés fermement dans la voie écologique. Les voitures hybrides qu'utilisent les différents ministères en sont un exemple éloquent. Par contre, les enjeux économiques domineront toujours l'importance de son développement. Il suffit de se remémorer le développement du moteur-roue qu'Hydro-Québec avait largement financé. Le projet est tombé dans l'oubli, au plaisir des grands constructeurs automobiles. Ils auraient dû changer complètement la conception de leurs véhicules. La technologie doit venir d'eux car le marché de l'automobile leur appartient depuis un siècle. Dernièrement, on apprenait l'implication financière du gouvernement fédéral dans le développement d'une nouvelle essence à base de bioéthanol. Serait-il le nouveau défenseur de la nature ?

Arrivé au pont après une heure à creuver de chaleur dans l'habitacle, je réfléchissais à l'eau qui se trouvait dans le coffre arrière. Depuis l'alerte donnée par la Ville à l'effet qu'il fallait faire bouillir l'eau domestique à cause de la présence de coliformes fécaux (E.colis), les gens ont littéralement vidé les réserves des épiceries. Dire que l'on croyait les usines d'épuration infaillibles !

Les premiers hommes ont foulé la terre il y a des milliers d'années. À part les changements climatiques naturels du temps, la terre est demeurée relativement stable. L'éclosion de l'esprit humain dans sa phase moderne a propulsé notre société dans un développement industriel et économique incessant. En deux siècles à peine, notre environnement a été complètement bouleversé.

Les gens construisent vite et détruisent vite. L'espoir de notre société est que vous, les bâtisseurs, ayez pris conscience de cette destruction, certainement involontaire, de nos ressources. La majorité de celles-ci sont limitée et demandent une constante attention.

Vous espérez, à juste titre, que vos réalisations s'harmonisent avec un environnement en parfaite santé. Pour qu'il en soit ainsi, il faut qu'à la base, soit rattaché le respect de son cadre, de sa matière. L'objectif ultime de vos travaux n'est-il pas de créer un environnement meilleur pour les générations futures ?

À bientôt.


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