Volkswagen Touareg : le petit
cousin du Cayenne
Par Jacques Duval
Proche cousin du Porsche Cayenne avec lequel
il a partagé une longue période de gestation, le Volkswagen
Touareg s'ajoutera dès l'an prochain à la longue liste des
utilitaires sport proposés à une clientèle encore avide
de ces véhicules pas toujours utiles et peu souvent sportifs. Ce
nouveau venu se veut l'exception à la règle mais sa grande
sophistication et son prix élevé combinés à
son arrivée tardive ne risquent-ils pas de lui bloquer la route du
succès ? En somme, n'est-ce pas trop, trop tard ?
S'il est vrai que la planète terre aurait très bien pu
continuer à rouler sa bosse sans un autre véhicule utilitaire
sport, Volkswagen, semble-t-il, ne pouvait plus s'en passer. Seul grand
constructeur automobile mondial à être absent d'un segment
qui représente 50% du marché nord-américain, le géant
de Wolfsburg se trouvait dans une situation délicate. Le Touareg
2004, qui sera mis en vente au cours de l'été 2003, vient
donc colmater une immense brèche dans la gamme Volkswagen.
Avant de vous précipiter chez votre concessionnaire pour en réserver
un, sachez que ce modèle n'est pas destiné à remplacer
votre CR-V ou RAV4 dans votre entrée de garage. De par son alliance
avec le Porsche Cayenne, il a hérité d'un statut haut de gamme
qui le verra s'attaquer aux Mercedes ML, BMW X5 ou Volvo XC 90, le petit
dernier de cette cuvée. Plus ambitieux, VW le voit même comme
la parfaite solution intermédiaire entre un Range Rover et un X5.
Après en avoir fait l'essai et soigneusement examiné ses principales
caractéristiques, on a un peu tendance à partager cette opinion.
Un V10 TDI phénoménal
Ne serait-ce que sous le capot, le Touareg n'est pas à court d'arguments
avec une panoplie de moteurs dont le plus impressionnant est sans aucun
doute ce V10 TDI (diesel bi-turbo) de 5 litres doté d'un couple ahurissant
de 553 lb-pi, rien de moins. Développant 313 chevaux, c'est aussi
le plus puissant moteur diesel pour automobile au monde. Qui, dorénavant,
pourra reprocher son manque d'ardeur à ce brûleur de gasole
? Et même si le Touareg est loin d'un poids plume, son V10 TDI signe
une autre performance remarquable avec une consommation de 10 litres aux
100 km lui donnant une autonomie de 1000 km avec un seul réservoir
de carburant. Le seul hic est que ce moteur, d'une logique désarmante
pour ce type d'engin, ne sera offert que plusieurs mois après l'arrivée
du véhicule en terre d'Amérique. Initialement, l'acheteur
aura le choix entre un V6 3,2 litres de 220 chevaux ou un V8 4,2 litres
de 310 chevaux emprunté à Audi. Quant au 4e moteur au programme,
le W12 de 420 chevaux, il n'est pas question pour l'instant qu'il soit inscrit
au catalogue des options des versions nord-américaines.
Toute cette cavalerie pourra s'exprimer via une boîte de vitesses
automatique dont les 6 rapports peuvent être enclenchés manuellement
par des petits leviers de type F1 commodément placés sous
le volant. Pour freiner une telle masse et de tels élans, le conducteur
peut compter sur quatre freins à disque pincés par des étriers
Brembo à six pistons à l'avant et 4 à l'arrière.
À l'assaut du Sahara
La mise au point du Touareg (le "a" est muet incidemment) a
notamment conduit les essayeurs de chez Volkswagen dans le désert
du Sahara et on raconte même que c'est dans cet environnement hostile
propre au rallye Paris-Dakar que le véhicule a trouvé son
nom. L'histoire veut que l'ancien PDG de la marque allemande, Ferdinand
Piëch, soit tombé en panne avec l'un des prototypes et qu'il
aurait été rescapé par ces nomades du désert
qu'on appelle les Touareg. Quoiqu'il en soit, cet utilitaire sport n'est
pas un simple petit 4X4 urbain mais une redoutable machine à défier
les embûches. À cette fin, il aligne d'impressionnantes coordonnées
dont, bien sûr, une traction intégrale permanente répartissant
la puissance également entre les deux essieux. À cet élément
de base, il ajoute un embrayage multidisques à commande électronique
travaillant en tandem avec l'antipatinage, un boîtier de transfert
qu'on peut enclencher en roulant pour obtenir une gamme de vitesses courtes
et trois différentiels à blocage électrique, une caractéristique
qu'il partage uniquement avec le G500 de Mercedes. Pour hausser la barre
d'un autre cran, le Touareg est aussi doté d'une suspension pneumatique
à hauteur variable offrant jusqu'à 30 cm de garde au sol tout
en bénéficiant d'angles d'approche et de départ pouvant
aller jusqu'à 34 degrés. Les plus baroudeurs pourront même
opter pour un groupe "4X4 Extrême" avec des performances
hors route encore supérieures assurées par un contrôle
de descente et de retenue en pente similaire à ce que l'on trouve
sur le Range Rover. Sachant combien il est difficile de bien situer le braquage
des roues avant sur des pistes boueuses, le conducteur n'aura qu'à
consulter un petit écran au tableau de bord pour connaître
la position exacte du volant.
Ajoutons, en vrac, quelques autres atouts du Touareg : suspension arrière
indépendante, des roues de 17, 18 ou 19 pouces, six coussins gonflables,
un capot en aluminium, des ailes en plastique résistant aux éraflures
et une carrosserie de type monocoque.
Un premier verdict
Je me garderai d'émettre une opinion définitive sur le
Touareg compte tenu que ma brève expérience au volant du véhicule
a été confiné au périmètre du Centre
d'Essais de VW à Ehra Lessien en Allemagne. Une chose est certaine
cependant et c'est que le modèle à moteur TDI est de loin
le plus intéressant. Il faut prêter l'oreille pour découvrir
que c'est un diesel et les performances sont spectaculaires avec un 0-100
km/h réalisé en moins de 8 secondes. Avec, en prime, une remarquable
économie, il faudrait être tombé sur la tête pour
choisir un autre moteur et il faut espérer que VW accélèrera
le processus de sa commercialisation chez-nous. Ce TDI est même plus
silencieux que le V8 qui m'a semblé être le groupe propulseur
le moins bien adapté au Touareg. Je lui préfèrerais
de loin le V6, tout de même assez performant (0-100 km en 9,5 secondes)
et plus agile. Loin des pistes asphaltées, cet utilitaire sport n'est
peut-être pas aussi entreprenant que le Range Rover mais il n'en est
pas loin. Peu expérimenté comme pilote de brousse, je n'ai
eu aucune difficulté à négocier la petite course à
obstacles préparée par VW pour la circonstance. C'est simple
comme bonjour puisque le Touareg fait tout pour vous, incluant de rester
sur place en grimpant une pente de 45 degrés (100%) sans que l'on
ait même besoin de toucher au frein. Idem dans une descente abrupte
où il s'immobilise encore une fois sans aucune intervention du conducteur
grâce au "Hill Descent", un système qui n'est pas
sans rappeler celui utilisé par Land Rover dans ses utilitaires sport.
Même les ruisseaux n'arrivent pas à stopper ce rude engin qui
peut être immergé dans 58 cm d'eau avant de vous faire savoir
qu'il ne s'agit pas d'un amphibie.
Si les aptitudes hors-route du Touareg ne font aucun doute, sa conduite
sur des chemins plus civilisés reste agréable. Il n'a pas
l'âme aussi sportive qu'un X5 mais il demeure raisonnablement confortable
quelque part entre un petit camion et une voiture conventionnelle.
Un air de famille
Légèrement plus volumineux que ses concurrents, le VUS
de Volkswagen n'en possède pas moins un air de famille. Il n'est
pas sans rappeler la nouvelle voiture de grand luxe du constructeur, la
Phaeton. Le bois, le cuir et l'aluminium y font bon ménage tandis
que l'équipement est pléthorique, bien qu'il soit encore trop
tôt pour savoir ce qui sera de série et ce qui commandera un
supplément de prix. Contentons nous pour l'instant de souligner le
confort des sièges en mettant un bémol sur la banquette arrière
vraiment trop durement rembourré. L'espace, par contre, y est généreux
et VW envisage même d'offrir une version munie d'une 3e rangée
de sièges. En configuration 4 places (la banquette arrière
étant séparée par un immense accoudoir), le compartiment
à bagages est très vaste, bien que le hayon ait le défaut
d'être difficile à refermer pour des personnes de faible taille.
Construit à Bratislava en Slovaquie, le Touareg n'aura certes
pas la tâche facile dans un marché submergé par une
avalanche de modèles de tous genres. Chez VW, on est d'ailleurs très
réaliste en envisageant des ventes de l'ordre de 25 000 pour l'Amérique,
incluant 1000 unités au Canada. C'est évidemment très
peu sur un marché où il s'est vendu grosso modo 8 millions
d'utilitaires sport l'an dernier. Malgré son arrivée tardive
et un prix dissuasif, le Touareg a au moins l'avantage de se démarquer
de ses concurrents. L'avenir nous dira si c'est trop cher et trop tard.
Fiche Technique |
VW Touareg |
Type: |
familiale à rouage intégral |
Moteur: |
V6 - 3,2 litres - 24 soupapes |
Puissance: |
220 ch @ 6200 tr/min - 233 lb pi @ 2400 tr/min |
Transmission: |
automatique à 6 rapports - boîtier de transfert à deux
gammes |
Direction: |
à crémaillère - assistée |
Suspension: |
av indépendante / arr indépendante |
Freins: |
av disques / arr disques - ABS |
Accélérations 0-100 km/h: |
9,7 secondes |
Vitesse maximale: |
208 km/h |
|
|
|
|
|
VW Touareg |
Mercedes ML 320 |
BMW X5 3,0 |
Empattement: |
286 cm |
282 cm |
282 cm |
Longueur: |
475 cm |
464 cm |
466 cm |
Largeur: |
193 cm |
184 cm |
187 cm |
Hauteur: |
172 cm |
182 cm |
171 cm |
Poids: |
2190 kg |
2210 kg |
2082 kg |
Puissance: |
220 hp |
210 hp |
225 hp |
Pneus: |
275/45R19 |
275/55R17 |
255/55R18 |
Réservoir: |
100 litres |
83 litres |
95 litres |
Une puissance record!
Le moteur V10 TDI qui sera disponible dans le Touareg et la Phaeton
a été élaboré à partir du 5 cylindres
en ligne que l'on retrouve dans certaines versions de la fourgonnette Caravelle
(EuroVan) en Europe. Il s'agit en fait de deux moteurs de 2,5 litres qui
partagent un vilebrequin commun. Le bloc est en aluminium mais le vilebrequin
repose sur une structure en acier. Les cylindres ont subi un traitement
au plasma afin de prévenire toute déformation dûe à
la chaleur.
Les rangées de cylindres sont disposées à 90 degrés
et Volkswagen a choisi d'incorporer un arbre d'équilibrage afin
de contrer les vibrations inhérentes à une telle configuration.
La pompe à eau et l'alternateur (refroidi au liquide) sont situés
au centre du V.
L'alimentation est confié à un système qui compte
10 injecteurs/pompes qui fonctionne à une pression de 2050 bar.
Ce système permet d'atteindre une pression considérablement
supérieure à celle des systèmes Common Rail (généralement
autour de 1750 bar) pour une combustion plus efficace. La pression est
générée par une came supplémentaire qui comprime
une très faible quantité de carburant en comparaison aux
systèmes Common Rail. La présence de cette came supplémentaire
empêche, pour le moment, l'utilisation d'une culasse à 4 ou
5 valves par cylindres. C'est pourquoi le V10 TDI compte 20 soupapes.
Le V10 TDI comporte deux turbocompresseurs et deux refroidisseurs d'air
d'alimentation. Le rapport de compression est de 18,5:1.
Le système antipollution repose sur la recirculation et le refroidissement
des gaz d'échappement, de même qu'un catalyseur. Il répond
présentement à la norme allemande D4 mais pas à la
norme Euro 4.
La puissance maximale atteint 230 kW (313 hp) et le couple est de 750
Nm (553 lb pi). Il s'agit du moteur diesel pour automobiles le plus puissant
au monde. Les moteurs V8 turbodiesel offert par Mercedes-Benz, BMW et Audi
sont moins puissants. En termes de puissance spécifique, seul le
1,9 TDI de Volkswagen, disponible en version 100, 115, 130 et 150 hp, lui
est supérieur.
À titre de référence, la puissance du V10 TDI est
pratiquement identique à celle des moteurs diesel PowerStroke 6,0
litres et Cummins B5.9 qui seront disponibles dans les camionnettes nord-américaines
l'an prochain.
(JFV)
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