Audi allroad quattro : la solution du juste milieu

Par Jacques Duval

Salzbourg, Autriche - À vrai dire, je ne m'attendais à rien d'autre qu'à une familiale haute sur pattes et aux formes musclées en allant faire l'essai de la nouvelle Audi allroad quattro dans les Tauern, le massif des Alpes autrichiennes à proximité de Salzburg. Or, après deux jours de conduite autant sur route que sur de petits chemins forestiers et après avoir écouté les arguments des ingénieurs d'Audi, force est d'admettre que ce fameux allroad quattro à transmission intégrale est beaucoup plus qu'une solution rapide et tardive à l'absence d'un 4X4 traditionnel dans la gamme du constructeur allemand.

De son propre aveu, Audi a voulu, avec ce modèle, créer un véhicule offrant le meilleur de deux mondes, c'est-à-dire le comportement routier d'une berline sport de luxe et les aptitudes d'un authentique tout-terrain. Le grand secret du allroad réside dans sa suspension pneumatique à hauteur variable. C'est cette astuce technique qui permet de régler automatiquement la garde au sol à quatre paliers différents selon les besoins et en fonction de la vitesse.

Un peu de technique
"Comment ça marche" ai-je entendu? Au fur et à mesure que la vitesse augmente par exemple, ce système dit "intelligent" abaisse automatiquement la hauteur de caisse. À 120 km/h ou plus, la voiture est à son plus bas niveau, ce qui permet un aérodynamisme optimal et, conséquemment, une plus faible consommation. Dès que la vitesse diminue, les capteurs de hauteur placés sur les jambes de suspension pneumatiques des deux essieux font remonter la garde au sol d'un cran. Avant de s'engager sur des terrains difficiles, deux autres réglages plus élevés permettent de hausser le véhicule jusqu'à 20,8 cm (8,2 pouces), une garde au sol comparable à celle du 4X4 ML de Mercedes-Benz. Par rapport au 14,2 cm (5,6 pouces) du palier le plus bas, cela couvre une plage de 6,6 cm ou 2,6 pouces. Notons qu'un commutateur au tableau de bord assorti de diodes lumineuses permet d'activer manuellement les diverses fonctions du système.

Si l'on ajoute à cette suspension unique, la présence de plaques protectrices sous le véhicule ("skid plates"), de passages de roues élargis, de pneus tout-terrain gravés allroad conçus spécialement pour ce modèle par Goodyear (les plus beaux) ou Pirelli et, surtout, de la possibilité de coupler la boîte de vitesses manuelle à 6 rapports d'une double démultiplication ("low range"), on constate que le allroad quattro est équipé pour "la grosse ouvrage". Dommage que l'on ait réservé cette dernière option exclusivement au marché européen, du moins pour l'instant, tout comme le moteur V6 2,5 litres TDI (turbo-diesel) de 180 chevaux.

Vif comme l'éclair
Pour l'instant, le moteur de service pour l'Amérique est le V6 bi-turbo à cinq soupapes par cylindre de 2,7 litres que l'on trouve déjà dans la redoutable Audi S4 et dans la A6 2,7 T. En compagnie de la boîte automatique Tiptronic à 5 rapports, il se débrouille fort bien merci en permettant au allroad de devancer par un poil (7,3 contre 7,4 secondes) le BMW X5 lors du sprint 0-100 km/h. Attelé à une caisse qui pèse tout de même près de deux tonnes, le V6 de 250 chevaux demeure performant en hors route comme l'a démontré l'escalade d'un pic de 1850 mètres, près de Schladming. Et sur autoroute, je mets n'importe qui au défi de me trouver un 4X4 pouvant rouler à 220 km/h sans broncher tout en permettant à ses occupants d'entretenir une conversation sur un ton normal.

La stabilité directionnelle du allroad quattro à grande vitesse est une autre qualité qui tend à confirmer que cet hybride offre vraiment tous les avantages d'un 4X4 sans en avoir les inconvénients. Il peut même tracter une remorque de 1600 kg sans souffrir. La seule réserve que l'on pourrait avoir à-propos de sa polyvalence est une propension au sousvirage. Encore une fois, son poids l'empêche de jouer les sportives sur des parcours sinueux même si la direction à l'assistance bien dosée et le freinage puissant invitent aux excès. Le allroad quattro impressionne aussi par un confort qui va bien au-delà de ce que l'on trouve dans les modèles qu'Audi a pris pour cible (incluant le très coûteux Range Rover).

Son seul handicap pourrait bien être son look qui se rapproche nécessairement de celui de l'Audi A6 Avant dont il est dérivé. Il réussit toutefois à se démarquer par son échappement double, ses pare-chocs imposants, sa plaque protectrice en acier inoxydable à l'arrière, ses grands rétroviseurs, ses bas de caisse aluminisés et ses jantes spéciales de 17 pouces. Non visible à l'oeil nu, la structure renforcée et le plancher plus épais permettent au allroad quattro de se faire secouer dans les pires sentiers hors-route sans faire entendre le moindre petit bruit suspect.

Déjà bien nantie en équipement de série, cette familiale unique offrira toute une liste d'options de luxe allant des phares au xénon au volant chauffant en passant par le système de navigation, les coussins gonflables latéraux arrière et même une 3e banquette pouvant en faire une sept places. Cette dernière option réduit toutefois quasi à néant le volume de chargement. Il faudra alors se rabattre sur le magnifique support à bagages aux rails chromés posé sur le toit. Quant à la roue de secours, elle se retrouve sous le plancher où elle se fait toute petite avec son mini pneu Vredestein assorti d'un compresseur.

La présentation intérieure est proche de celle d'une A6 Avant normale avec cet élégant tableau de bord où le métal poli et le bois se disputent la contemplation. Les sièges en cuir bi-colore sont aussi agréables à regarder qu'à utiliser et le dégagement arrière ne fera rouspéter personne. Il ne reste plus qu'à se convaincre que l'on peut aller jouer dans la boue et la poussière avec une si belle voiture.

Beaucoup plus qu'une autre familiale haute sur pattes

Le système de suspension pneumatique de la Audi allroad quattro est fabriqué par Continental Teves. Il comporte huit capteurs qui règlent l'assiette en fonction de la vitesse du véhicule et des conditions de la route. Le niveau le plus bas permet de réduire considérablement le coefficient de pénétration dans l'air et procure à la voiture un comportement routier comparable à celui de la A6 Avant, alors que le niveau le plus élevé procure une garde au sol supérieure à celle des véhicules concurrents.

L'Audi allroad quattro est disponible en Europe avec un moteur diesel et une boîte de transfert pour les versions à boîte manuelle.

Le V6 TDI de 2,5 litres, tout comme le V8 TDI de 3,3 litres de la A8, bénéficie de l'injection à haute pression Common Rail, de quatre soupapes par cylindre et d'un turbocompresseur à géométrie variable. Ils font partie des nombreux moteurs modernes, économiques et non-polluants, qui ne sont pas offerts sur le marché nord-américain à cause du manque d'enthousiasme de la clientèle. Audi, VW, BMW et Mercedes-Benz offrent une gamme complète de moteurs turbodiesel qui offrent pratiquement les mêmes performances que leurs vis-à-vis à essence.

La boite de transfert proposée en option pour l'Audi allroad quattro avec boite manuelle, est un complément avantageux pour l'usage hors-route. Elle peut être utilisée à tout moment jusqu'à 70 km/h. Son rapport ultra court facilite le démarrage en côte et accroît l'efficacité du frein moteur en descente. Équipée ainsi, l'Audi allroad quattro peut suivre la plupart des 4x4 conventionnels sur n'importe quel sentier et peut tirer une remorque de 2300 kg en gamme basse. (JFV)

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