Ah! Nostalgie quand tu nous tiens!
Par Jacques Duval
Il y a presque 10 ans, j’avais eu le privilège d’aller visiter le centre d’expérimentation d’Alfa Romeo à Balocco en Italie pour prendre le volant de la sublime 8C Competizione qui était considérée à l’époque comme la plus belle voiture au monde. Cette supervoiture produite à seulement 500 exemplaires, entre 2008 et 2010, visait à souligner le centenaire de la marque italienne. Le dévoilement de la 8C marquait aussi le prélude des intentions d’Alfa Romeo de revenir en terre d’Amérique après une absence d’une vingtaine d’années. Depuis, on a vu débarquer le coupé 4C, le cabriolet 4C Spider, la berline Giulia et le VUS Stelvio.
Mais, avant de vous raconter mon essai du Stelvio, je dois vous avouer que j’ai vécu une belle histoire d’amour avec l’Alfa Romeo Giulietta Sprint Veloce. Je l’avais acheté flambant neuve en 1959 chez le concessionnaire Budd&Dyer à Montréal. Après avoir fait quelques courses avec mon Alfa, j’avais vite réalisé que les Porsche étaient mieux adaptées à cette vie de cavale. Même si j’ai dû me résoudre à traverser la clôture pour courir avec Porsche, je suis demeuré fidèle à ma Giulietta Sprint Veloce qui a été ma voiture de tous les jours pendant de nombreuses années. Que de beaux souvenirs!
La mode des VUS
Comme d’autres marques de prestige, Alfa Romeo n’a pu résister aux pressions populaires en se convertissant à la mode des VUS. S’il fut un temps où cette conversion était perçue comme un crime de lèse majesté, les puristes ont désormais passé l’éponge. Le point de départ de tout ce remue-ménage qui a transformé l’industrie automobile, est le succès commercial du Porsche Cayenne qui a permis au constructeur allemand de devenir l’une des marques les plus rentables de la planète. Pourquoi les autres constructeurs devraient-ils se priver de ces revenus? Poser la question, c’est y répondre! Pour ce faire, on a donc vu apparaître consécutivement, depuis l’an dernier, le Bentley Bentayga, le Maserati Levante, le Lamborghini Urus et le Rolls-Royce Cullinan. De son côté, Ferrari devrait nous offrir un VUS en 2020 tandis qu’Aston Martin via sa division Lagonda souhaite présenter un VUS d’ici 2021.
L’Alfa Romeo Stelvio a dans sa mire l’Audi Q5, le BMW X3, le Jaguar F-Pace et le Porsche Macan. Pour braver ces valeurs sûres qui ont déjà fait leurs preuves mais dont la clientèle est volage, le Stelvio joue la carte de l’exclusivité pour attirer ceux et celles qui veulent se distinguer de la masse. Dire que l’on est propriétaire d’un véhicule italien se place toujours bien dans une conversation avec des interlocuteurs qui connaissent un tant soit peu l’automobile. Le seul bémol est que le Stelvio n’a pas encore ses preuves en matière de fiabilité, surtout qu’il connaît son baptême du feu sur les routes du Québec – probablement l’endroit le plus redoutable en Amérique du Nord pour un véhicule dont la structure et mécanique n’ont pas encore été éprouvées.
Vue de face ou de profil 3/4 avant, le Stelvio dégage beaucoup de sensualité avec sa calandre triangulaire et son logo atypiques, son long capot bombé et les lignes ciselées de ses ailes et portières. Seul l’arrière manque d’originalité puisqu’on peut le confondre avec certains VUS américains, allemands, coréens ou japonais – tellement ils en viennent tous à se ressembler.
Propulsion ou intégrale
Le Stelvio est assemblé à l’usine de Cassino en Italie, soit la même chaîne de montage que la Giulia avec qui il partage plusieurs éléments. Sous le capot, le moteur de série est un L4 turbo de 2,0 l jumelé à une boîte automatique à 8 rapports. On regrette que le premier rapport ne fonctionne pas avec plus de souplesse dans la circulation dense. De même, le dosage de la pédale de freins manque aussi de progressivité et on se surprend trop souvent à freiner de justesse au dernier moment.
La version de base est une propulsion mais la grande majorité des acheteurs opteront pour la traction intégrale. En effet, on n’achète pas un VUS pour s’éclater en piste mais pour conduire un véhicule capable d’affronter les pires conditions routières. Toujours dans l’esprit de la marque qui a fait sa renommé en course automobile, les motoristes ont mis au point un V6 turbo de 2,9 l qui produit 505 chevaux. Il est dommage qu’il n’existe pas un moteur intermédiaire pour faire le pont entre ces deux extrêmes.
On vante souvent les designers italiens pour la création de vêtements, chaussures, meubles et articles ménagers. Quand vient le temps de créer un habitacle automobile, ils ont habituellement la main heureuse. Mais cette fois-ci, les stylistes ont manqué d’inspiration. A contrario, le tableau de bord de la Giulia est magnifique tandis que celui du Stelvio manque de punch.
Dès que l’on prend place dans le Stelvio, on apprécie le soutien des sièges avant et la forme du volant. La précision et la rapidité de la direction alliées à la sophistication du châssis et des suspensions procurent un sentiment euphorique.
Qui plus est, la finition intérieure se doit d’être plus soignée pour un véhicule de ce prix. Sans cela, la passion risque de s’estomper rapidement et cette histoire d’amour deviendra une aventure sans lendemain.
Fiche Technique |
Alfa Romeo Stelvio |
Type: |
utilitaire sport grand intermédiaire |
Moteur: |
L4 2,0 l turbo |
Puissance: |
280 hp @ 5200 tr/min – 306 lbf pi @ 2000 tr/min |
Transmission: |
automatique à 8 rapports |
Direction: |
à crémaillère, assistée |
Suspension: |
av. indépendante / arr. indépendante |
Freins: |
av disques / arr disques - ABS |
Accélérations 0-100 km/h: |
5,4 s |
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Alfa Romeo Stelvio |
Jaguar F-Pace |
Porsche Macan |
Empattement: |
282 cm |
287 cm |
290 cm |
Longueur: |
469 cm |
473 cm |
491 cm |
Largeur: |
190 cm |
194 cm |
198 cm |
Hauteur: |
168 cm |
165 cm |
170 cm |
Poids: |
1834 kg |
1760 kg |
1770 kg |
Moteur: |
L4 turbo 2,0 l |
L4 turbo 2,0 l |
L4 turbo 2,0 l |
Puissance: |
280 hp |
296 hp |
252 hp |
Pneus: |
255/45R20 |
245/50R19 |
235/60R18 |
Capacité du réservoir: |
64 l |
63 l |
75 l |
Capacité de remorquage: |
1361 kg |
2400 kg |
2000 kg |
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