Dernier de classe

Par Jacques Duval



 

Parmi les constructeurs automobiles asiatiques qui courtisent le marché automobile québécois, Subaru évolue quelque peu dans l’ombre de ses concurrents qui paraissent plus en vue et, disons-le, plus actifs. Pourtant, la marque n’est pas la dernière venue et ses succès dans les grands rallyes internationaux, sa fidélité à la traction intégrale et ses motorisations singulières avec leurs cylindres à plat sont des réalisations qui méritent que l’on s’y attarde. Sans oublier ses berlines gonflées aux stéroïdes que sont les WRX et WRX STI.

Subaru ne compte sans doute pas autant de clients que Honda ou Toyota, mais leur loyauté est légendaire. Ainsi, dans l’est des États-Unis et au Québec, la marque est un incontournable comme l’atteste la popularité de modèles comme la berline Legacy, l’utilitaire Outback ou même le Forester, tous trois particulièrement bien adaptés aux aléas de nos hivers.

Depuis quelques années, Subaru connaît une évolution rapide de sa gamme de modèles à laquelle est venue s’ajouter depuis peu le multisegment XV Crosstrek dont l’appellation est bien indicative de sa vocation. Celle-ci s’allonge du mot hybride dans la voiture mise à ma disposition pour cet essai. Tout de go, je peux vous dire que ce modèle ne passera pas à l’histoire et que rien, chez lui ne suscite la moindre envie d’en posséder un. En plus, le nôtre était affublé d’une couleur verdâtre qui soulevait plus de haut le coeur que de regards admiratifs.

Performances décevantes
Le XV Crosstrek Hybride déçoit à plusieurs égards et renferme une multitude de contrariétés. La liste débute avec ce désir de se montrer économe avec sa motorisation hybride assurée par un moteur à essence secondé par un groupe électrique qui ajoute 13,4 chevaux aux 148 du H4 de 2,0 l pour un total de 161 ch. C’est une bien maigre pitance pour un véhicule que la transformation en hybride pénalise d’environ 104 kg ou l’équivalent de transporter constamment un joueur de hockey. Quand on ajoute à cela le maigre 10% d’économie qu’apporte l’hybridation, on se demande si ce véhicule a vraiment une raison d’être autre que d’encombrer la salle d’exposition des concessionnaires de la marque. Tout cela traduit en chiffres nous donne une consommation moyenne peu enviable de 9 l/100 km et un temps d’accélération de 10 s entre 0 et 100 km/h.

Ce qui m’est apparu le plus gênant dans cette Subaru, c’est son système «start stop» dont le fonctionnement est si saccadé que mon passager m’a demandé si j’avais calé le moteur lorsque celui-ci s’est arrêté à un feu rouge. Cette caractéristique que l’on retrouve désormais sur plusieurs véhicules et qui stoppe le moteur pour le relancer automatiquement dès que l’on appuie sur l’accélérateur a été adopté par Subaru d’une façon qui la rend désagréable, sans pour autant diminuer la consommation.

J’ajouterais que l’hybridation ne semble pas tout à fait au point, car il est difficile de dépasser les 20 km/h en mode électrique sans que le moteur à essence n’entre en fonction. Comme si la cour n’était pas encore assez pleine, sachez que la transmission de type CVT est hésitante et n’aide en rien la paresse du moteur. Comme pour se venger de mon peu d’estime, celui-ci m’a fait me brûler les doigts en déplaçant la béquille servant à retenir le capot d’une lourdeur étonnante.

Le XV Crosstrek a été développé pour permettre à Subaru d’avoir une présence sur le marché des multisegments compacts à quatre roues motrices de la même famille qu’un Toyota RAV 4 ou d’un Honda CR-V. Disons que ces autres constructeurs peuvent dormir sur leurs deux oreilles, et cela en dépit du fait que le véhicule a un comportement honnête avec une légère dose de survirage dans les virages négociés hâtivement. Le confort est également appréciable et on a l’impression de conduire une auto à la place d’un utilitaire. La direction est également sans reproche, ce que l’on ne peut pas dire du freinage qui trahit la mollesse de la suspension au moment d’un arrêt précipité.

Un intérieur moins rébarbatif
Si le volet de l’essai sur route n’est pas très engageant, le XV Crosstrek semble mieux réussi à l’intérieur où les sièges sont confortables, en dépit d’un réglage manuel un peu dépareillé dans une voiture qui insiste sur le luxe. Un bon point aussi aux commandes sur le volant pour le téléphone, la chaîne audio et le régulateur de vitesse. La visibilité est aussi très bonne avec la présence de pas moins de 5 glaces latérales. Au plan de l’habitabilité, les places arrière sont d’accès facile tandis que l’espace cargo est légèrement diminué par un plancher surélevé afin de laisser de la place aux composantes électriques.

Ai-je besoin d’en rajouter pour vous faire comprendre que le Subaru Crosstrek XV hybride est probablement le véhicule du genre le moins attrayant sur le marché. On a l’impression que Subaru a voulu rattraper son retard dans ce domaine en proposant un véhicule d’une technologie qu’elle ne maitrise pas très bien.


Fiche Technique Subaru XV Crosstrek Hybride
Type: utilitaire sport compact
Moteur: H4 2,0 l
Puissance: 148+13,4 hp @ 6200 tr/min – 145+48 lb pi @ 4200 tr/min
Transmission: à variation continue (CVT)
Direction: à crémaillère, assistée
Suspension: av indépendante / arr indépendante
Freins: av disques / arr disques - ABS
Accélérations 0-100 km/h: 10,9 s
 
  Subaru XV Crosstrek Hybride

Subaru Forester

Ford Escape

Empattement: 264 cm 264 cm 269 cm
Longueur: 445 cm 459 cm 452 cm
Largeur: 178 cm 180 cm 184 cm
Hauteur: 162 cm 173 cm 168 cm
Poids: 1575 kg 1627 kg 1594 kg
Puissance: 161 hp 170 hp 173 hp
Pneus: 225/55R17 225/60R17 235/50R18
Capacité du réservoir: 52 l 60 l 57 l
Capacité remorquage: n.d. 680 kg 1587 kg

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