Les lubrifiants ECL et l’environnement

Bernard Rosset, Panolin International
Luc Tanguay, Envirolin Canada

Collaboration spéciale


 


Les lubrifiants respectueux de l’environnement (ECL) doivent passer des tests toxicologiques et éco-toxicologiques rigoureux et répondre aux exigences techniques définies par les constructeurs de matériels (performances anti-usure et résistance à l’oxydation). De plus l’évolution du lubrifiant dans l’environnement est mesurée par des tests de biodégradabilité. En effet les bactéries aérobies présentes naturellement dans l’environnement éliminent les ECLs, alors que les lubrifiants non biodégradables affecteront l’écosystème pour de très longues années. L’utilisation des ECLs est recommandée et, dans certain pays, est rendue obligatoire par les autorités réglementaires dans les zones dites sensibles qui doivent être protégées contre les risques de pollution. Mammifères et poissons peuvent être dangereusement affectés par le contact de lubrifiants contenant des substances toxiques. Même si un lubrifiant est ultimement biodégradable et non toxique, s’il est déversé dans l’environnement, il est considéré comme un polluant. Par conséquent, il est donc important d’éliminer le plus rapidement possible toute pollution pouvant nuire à l’écosystème.

Heureusement, les lubrifiants non toxiques et à biodégradabilité ultime, sont éliminés par les micro-organismes présents dans la terre et dans l’eau. Ces micro-organismes rompent la chaîne moléculaire du lubrifiant biodégradable, libèrent les atomes de carbone et d’hydrogène qui au contact de l’oxygène se retransforment en H2O (eau) ou CO2 (gaz carbonique).

Les lubrifiants compatibles avec l’environnement ECL
Les propriétés rhéologiques des lubrifiants à base d’esters saturés garantissent la bonne lubrification d’un équipement dans toutes les conditions de fonctionnement, depuis le démarrage à froid jusqu’au fonctionnement continu à des températures élevées. Les esters saturés affichent des viscosités optimales dans toutes les plages de température. Un point de congélation très bas garantit sa fluidité à basse température et un indice de viscosité naturel élevé assure un film protecteur quel que soit la température de fonctionnement. Les principaux avantages sont : les économies des ressources, la diminution drastiques des arrêts machines pour les vidanges, qui sont en plus des interventions potentiellement à risques, sans parler de la diminution des stocks de produits (huile neuve, huile usée). Ces différents aspects ont pour conséquences d’obtenir, pour l’utilisateur, un Bilan d’émission de gaz à effet de serre (GES) très positif pouvant s’intégrer parfaitement dans un objectif global de Bilan carbone de l’entreprise.

Les principaux constructeurs de machines de construction sont aujourd’hui à la recherche de solutions fiables en matière de lubrifiants écologiques.

Panolin, reconnu comme leader mondial dans le secteur des lubrifiants biodégradables, leur apporte ainsi une réponse éco environnementale adaptée. Le fabricant recommande un remplissage en huile biodégradable directement à l’usine du manufacturier, ceci afin d’éviter les opérations de conversions longues et coûteuses.

Démystifions la biodégradabilité des lubrifiants
On distingue généralement : la biodégradation primaire qui est la modification ou transformation minimale qui change les caractéristiques primaires physiques d’un composé tout en laissant une très grande partie de la molécule intacte donc, impact incertain sur l’environnement. (Selon la norme CEC-L-33-T-82, maintenant CEC-L-33-A-934), réservée seulement aux huiles moteurs marins 2 temps. Certains manufacturiers de lubrifiants utilisent cette méthode pour promouvoir la biodégradabilité de leurs huiles hydrauliques ( >80%/21 jours), c’est le mauvais test mais les résultats paraissent tellement bien.

La biodégradation primaire est suivie de la biodégradation secondaire qui se divise en deux catégories bien distinctes.

  • Première catégorie : la biodégradabilité «potentielle, inhérente ou intrinsèque» – se définit comme ayant la capacité à se biodégrader sans indication sur le temps ni le degré de biodégradation et celle-ci serait atteinte dans les meilleures conditions possibles. Il y a plusieurs lubrifiants sur le marché affichant une biodégradabilité inhérente. Ces types de produits peuvent persister dans l’environnement, d’ailleurs, ceux-ci sont typiquement de base minérale et on ne devrait même pas les considérer comme valables pour la protection de l’environnement puisque leur degré de biodégradation se situe seulement entre 20% et 60% en 28 jours (selon la norme OCDE). Retenons que même une huile minérale classique peut avoir un niveau de biodégradabilité de 30% à 35% (selon la viscosité). Malheureusement certains fournisseurs de lubrifiants de base d’origine minérale jouent sur les mots en capitalisant sur le fait que les utilisateurs ne sont pas encore bien informés sur les lubrifiants biodégradables.
  • Deuxième catégorie : la biodégradation «facile, totale ou ultime» – phase où les molécules sont totalement transformées en produits complets et non dangereux tels que CO2 (condition aérobie) ou CH4 (condition anaérobie), en constituant de la biomasse et éléments minéraux. Les produits qui affichent un niveau de biodégradabilité dans cette catégorie doivent avoir une biodégradation supérieure à 60% en 28 jours (selon la norme OCDE 301). Seuls ces lubrifiants peuvent être considérés comme Éco Compatibles.

Attention aux confusions
Certains fabricants s’appuient sur la méthode ASTM D-6866 au carbone 14 en faisant croire aux consommateurs que c’est la méthode pour définir si un lubrifiant est acceptable pour l’environnement. Ceci contribue à confondre et mal informer les consommateurs. En effet, dans les textes de la méthode ASTM D-6866, il est mentionné que les résultats de cette méthode d’analyse quantifient seulement la teneur en matière renouvelable (biobased ou biosourcé) et que ces résultats n’ont aucune implication sur la biodégradabilité du produit. De plus, il y est écrit qu’un produit biosourcé, même s’il est issu de plantes ou de source animale, ne veut pas nécessairement dire qu’il est biodégradable et non toxique. Certaines formes de cellulose (biosourcé) ne sont pas biodégradables alors que, contrairement à l’opinion populaire, certains produits dérivés des hydrocarbures ont une biodégradabilité ultime et une non-toxicité prouvée.

Conclusion
S’il paraît évident que les lubrifiants biodégradables doivent impérativement répondent à des normes et labels écologiques stricts, avant d’investir dans la conversion de votre équipement, il est primordial de s’informer que le produit que vous souhaitez utiliser bénéficie de ces labellisations ce qui vous rassurera sur son degré de biodégradabilité, son  niveau de toxicité et son niveau de performances. Vous pourrez ainsi vous éviter des mauvais choix coûteux.


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