De l’étude des charges extrêmes à l’intégration de l’esthétisme
Le CEISCE, qui s’intéresse aux problématiques des charges susceptibles d’entraîner des catastrophes, des pertes économiques importantes, des pertes de vie humaine, etc., a tenu son colloque le 8 mai dernier à Montréal lors du 80e congrès de l’Association francophone pour le savoir (Acfas). Quoique les activités de recherche soient florissantes au sein du CEISCE sur les problématiques entourant ces charges extrêmes, ce colloque a été notamment l’occasion d’échanger sur la tendance de l’intégration de l’esthétisme et de l’élégance aux préoccupations de sécurité et de solidité des ouvrages de génie civil. Selon André Bourassa, président de l’Ordre des architectes du Québec (OAQ), créer des ouvrages durables, fonctionnels et harmonieux nécessite une collaboration entre les ingénieurs et les architectes pour maximiser l’intégration de l’esthétisme dans les projets durables et fonctionnels. Pour ce faire, il faut éliminer la barrière du jargon entre ces spécialités, ce qui nuit à la communication. «Défendre le rationnel, le sécuritaire et le solide auprès des gestionnaires ne pose aucun problème. Il faut aussi vendre la pertinence de l’élégance pour une société durable et attirante.» L’élégance dans les ouvrages de génie civil est de plus en plus reconnue comme partie intégrante du développement durable, c’est-à-dire un aspect qui a une valeur sociale, économique, et qui laisse un héritage. Cette notion d’élégance à un coût raisonnable a également été reprise par Michel Virlogeux, architecte français de renommée internationale ayant réalisé plus d’une centaine de ponts au cours de sa carrière, dont le pont de Normandie, le pont de Térénez et le viaduc de Millau. La conception d’un ouvrage d’art nous ramène à la notion d’artisan qui passe par une bonne gestion des deniers publics mais aussi par le rôle de l’élégance dans la conception. «En ce sens, les concours de conception d’ouvrages de génie civil peuvent mener au meilleur ou au pire. Il faut s’assurer de la qualification du jury», rajoute monsieur Virlogeux. Sans pour autant relier directement ce commentaire aux préoccupations plus locales de remplacement du pont Champlain, cette condition sine qua non semble avoir été reçue par les participants du congrès comme mise en garde pertinente et juste. Une occasion d’ouvrage d’art à ne pas manquer : le futur pont Champlain «Dans un contexte de partenariat public-privé (PPP), forcément le prix le plus bas sera proposé. [Pour assurer le succès du projet] Il faut presque figer une géométrie [de pont]», ajoute monsieur Virlogeux. Cette géométrie, avec les matériaux et les tendances de conception actuelles, sera vraisemblablement un pont à hauban. Si les participants au congrès 2012 du CEISCE s’entendent sur la nécessité d’harmonie, de durabilité et de fonctionnalité dans les ouvrages de génie civil, il reste à voir comment les notions d’ingénierie et d’architecture cohabiteront dans la conception retenue pour le futur pont Champlain. Références
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