Une autre désertion dans le camp des VUS

Par Jacques Duval



 

Au même titre que le F-150 et la Mustang, l’Explorer est devenu un icône chez Ford. Et comme dans le cas de ces deux légendes, il n’est jamais facile de remodeler une formule gagnante. En ce qui concerne l’Explorer, il faut dire que la nouvelle cuvée est arrivée à un moment opportun puisque l’ancienne génération avait de plus en plus de difficulté à s’imposer face à la concurrence. Pour dissiper les appréhensions, Ford insiste sur le fait que la refonte n’a pas modifié les capacités de l’Explorer alors que ses aptitudes utilitaires demeurent pratiquement inchangées.

Mais le plus surprenant dans ce remaniement, est de constater que l’Explorer prend ses distances vis-à-vis ses rivaux naturels, que sont les Nissan Pathfinder et Toyota 4Runner, en délaissant son châssis en échelle pour une plate-forme monocoque. Pour les inconditionnels, ce remodelage pourrait être qualifié de crime de lèse-majesté! Surtout, que la catégorie des VUS est en voie de disparition. Mais il faut savoir que l’évolution de l’Explorer converge dans le même sens que le récent Dodge Durango qui repose désormais sur un châssis monocoque. D’ailleurs, le prochain Pathfinder troquera lui aussi sa base en échelle pour un cadre monocoque en 2013. C’est tout dire!

Toutes ces transformations laissent croire que l’Explorer et ses frères Edge et Flex se livrent une guerre fratricide. Mais dans les faits, l’Explorer s’adresse à une clientèle différente de ses frangins en proposant de meilleures habiletés en terrain accidenté grâce, notamment, à son système de gestion du rouage intégral qui s’adapte à la nature du sol. Dans la même lignée que le dispositif Terrain Response de Land Rover, le mécanisme de Ford peut être sélectionné à la volée grâce à une molette qui active les modes : normal, boue et ornières, sable, neige et gravier, et contrôle en descente. Qui plus est, sa garde au sol et ses angles d’attaque en font un baroudeur chevronné par rapport au Flex dont le soubassement est vulnérable en conduite hors route. Autre différence, son habitacle est plus volumineux que le Edge alors qu’il peut transporter jusqu’à 7 personnes grâce à une troisième rangée de sièges. À ce propos, cette troisième banquette est plus symbolique qu’autre chose tant elle est étroite et mal rembourrée. Mais prenez note que la concurrence ne fait guère mieux dans ce domaine.



Des caractéristiques surprenantes
L’introduction d’un châssis monocoque n’est pas seul le seul élément technique qui étonne puisque l’Explorer nous réserve d’autres surprises. L’une d’elles étant l’abandon du mode propulsion pour un rouage à traction avant. Cette décision permettra aux versions à deux roues motrices d’améliorer leur comportement sur les surfaces enneigées et glacées. En contrepartie, la position des roues motrices à l’avant (malgré les aides électroniques) pénalisera le véhicule lorsqu’il sera appelé à remorquer un poids élevé. Ainsi, si vous comptez utiliser l’Explorer pour tracter de lourde charge, je vous conseille fortement d’opter pour une version à traction intégrale. Vous aurez ainsi un bien meilleur contrôle du véhicule puisque le positionnement de roues motrices à l’arrière du véhicule améliore la tenue de route et le freinage.

La deuxième surprise et non la moindre est la possibilité d’opter pour un moteur L4 EcoBoost de 2,0 l. Pourvu de la technologie Ecoboost, ce moteur développe une puissance de 240 chevaux mais se distingue par son couple qui atteint 270 pi.lb. À titre de comparaison, le V6 de 3,5 l développe 290 chevaux alors que le couple plafonne à 255 pi.lb. Pour plus de pep sous le soulier, Ford proposera en 2013 un V6 EcoBoost de 3,5 l qui développera une puissance de 350 chevaux et un couple de 350 pi.lb. Peu importe le groupe motopropulseur, on retrouve une boîte automatique à six rapports dont l’étagement des rapports diffère selon le moteur.

Il est surprenant de constater que la capacité maximale de remorquage de 2268 kg est identique pour les trois modèles. Si ces chiffres impressionnent pour un L4, ils sont décevants pour les V6. En effet, on se rappellera que le V8 de la génération précédente était capable de tracter 3234 kg.

Le comportement d’un multisegment
Sur les routes sinueuses, l’ancien Explorer était plutôt balourd. Le nouveau châssis monocoque et les réglages de la suspension lui procurent désormais l’agilité d’un joueur de football. Mais attention, pas celle d’un demi offensif mais celle d’un plaqueur! Donc, méfiez-vous de vos coups de volant car le débattement des suspensions pourrait faire lever la poussière de l’accotement. Pour modérer vos excès, le système Curve Control réduit automatiquement le couple du moteur s’il détecte que le conducteur s’engage trop rapidement dans un virage. Comme l’Explorer demeure aussi lourd que le modèle précédent, l’emploi de matériaux plus légers pourrait non seulement améliorer sa maniabilité dans les courbes mais aussi réduire sa consommation de carburant.



Pour avoir roulé plusieurs centaines de kilomètres, il est indéniable que le confort des suspensions et l’espace intérieur sont les plus grands bénéficiaires de cette refonte. La caractéristique la plus désagréable (à cause des roues motrices avant) est certainement son long diamètre de braquage qui rend les manoeuvres de stationnement laborieuses.

Si vous aimez les cadrans et les boutons, le tableau de bord est plutôt dégarni dans les versions XLT, Limited et Sport à cause du système MyFordTouch qui permet de commander presque tous les accessoires via un écran tactile. Pour profiter d’un bloc d’instrumentions et d’une console d’allure traditionnelle, vous devrez opter pour la version de base.
Parmi les trouvailles, l’Explorer inaugure une ceinture de sécurité gonflable, une première dans l’industrie. Installée sur la banquette médiane, celle-ci a été conçue dans le but de réduire les risques de blessures à la cage thoracique.

Somme toute, Ford a-t-il amélioré l’Explorer? Il n’y a aucun doute que le confort et la tenue de route ont fait des progrès. Par contre, la capacité de remorquage a diminué et sa consommation de carburant demeure relativement élevée. Et dans la salle de montre, n’oublions pas que le Edge et le Flex lui font une concurrence indirecte mais certaine. Alors lequel choisir?

Fiche Technique Ford Explorer
Type: utilitaire sport intermédiaire
Moteur: V6 - 3,5 l - 24 soupapes
Puissance: 290 hp @ 6500 tr/min - 255 pi.lb @ 4000 tr/min
Transmission: automatique à 6 rapports
Direction: à crémaillère, assistée
Suspension: av indépendante / arr indépendante
Freins: av disques / arr disques - ABS
Accélérations 0-100 km/h: 9,0 s
 
  Ford Explorer

Dodge Durango

GMC Acadia

Empattement: 286 cm 304 cm 302 cm
Longueur: 501 cm 507 cm 510 cm
Largeur: 200 cm 192 cm 199 cm
Hauteur: 180 cm 182 cm 185 cm
Poids: 2146 kg 2229 kg 2234 kg
Puissance: 290 hp 290 hp 288 hp
Pneus: 245/65R17 265/60R18 255/65R18
Réservoir: 70 l 93 l 70 l
Capacité de remorquage: 2268 kg 2812 kg 2359 kg


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