Modération de la circulation


Jean-François Dubois

 

Une intersection à pleine capacité, un bouchon de circulation interminable, les feux pour piétons qui s'activent, un conducteur qui s'impatiente parce que la garderie ferme dans 10 minutes et là, sur la droite une petite rue locale, inoffensive et sans défense. Voici que ce même conducteur s'élance à vive allure dans cet échappatoire, ce raccourci inopiné (qui deviendra acquis par la suite!), pour gagner une précieuse minute sans même se rendre compte du danger d'une telle manuvre, sans même se rendre compte qu'il a failli heurter Toto là, sur son vélo...

Ce scénario vous dit quelque chose? Ceci arrive fréquemment dans nos villes et ce phénomène n'est pas prêt de s'estomper, au contraire.

Apparu dans les années 1940-1950 aux États-Unis et vers la fin de années 60 en Europe, les principes de modération de la circulation (traffic calming) sont de plus en plus utilisés dans la gestion de la circulation d'aujourd'hui. Deux principaux problèmes peuvent être traités avec des dispositifs d'atténuation soit, la vitesse et le débit.

La vitesse
Le conducteur moyen adapte son comportement selon l'environnement routier qu'il a devant lui. Une rue très large et bien droite incitera davantage l'automobiliste à circuler rapidement qu'une ruelle étroite. Dans le but de diminuer la vitesse de la circulation, on installera des dispositifs physiques obligeant les conducteurs à ralentir.

Le "dos d'âne" est probablement le plus connu de ces moyens et peu apporter, s'il est bien aménagé, des résultats intéressants. La distance entre les dos d'âne doit être ajustée de façon à rendre le système le plus efficace possible. Une trop grande distance, par exemple, permet aux automobilistes de prendre de la vitesse entre chaque dos d'âne et ainsi réduire l'effet escompté. Quelques critères, comme par exemple l'éclairement ou la pente de la rue doivent êtres considérés avant de procéder à l'installation d'un tel dispositif.

L'avancée de trottoir (neckdown) est un autre moyen de modifier le champ visuel du conducteur afin que celui-ci soit quelque peu mal à l'aise à conduire vite. Généralement, les avancées de trottoir se retrouvent aux passages piétonniers et sont agrémentés d'arrangement floral et de mobilier urbain.

Un îlot placé sur la ligne de centre de la rue peut être aménagé dans le cas où la rue est trop large. En aménageant ainsi la rue, on vient réduire la largeur des voies et, par le fait même, le champ visuel de l'automobiliste. L'effet de rétrécissement (narrowing) incite l'automobiliste à réduire sa vitesse.

Il existe bien d'autres dispositifs, mais ce qu'il faut retenir ici c'est que, pour encourager un conducteur à diminuer sa vitesse, il faut jouer sur sa perception de la sécurité.

Le débit
Lorsqu'une rue est utilisée comme raccourci, on dénote souvent un accroissement du volume de circulation et ce phénomène est aussi souvent associé à une problématique de vitesse. Ceci a un impact certain sur la sécurité des autres utilisateurs de la rue, mais aussi sur la qualité de vie des résidents.

Pour avoir un contrôle sur le débit de circulation, il faut recourir, presque exclusivement, à des moyens physiques. Dépendant de la nature du problème, tout un éventail de scénarios est disponible au gestionnaire.

La "demie fermeture" implique d'empêcher les usagers d'emprunter une rue à un bout ou à l'autre de celle-ci. En aménageant un îlot qui couvre une demie chaussée, on créé une barrière physique empêchant le mouvement dans un sens et ce, sur une petite distance. Ceci permet de garder la rue à double sens ce qui est plus pratique pour les résidents. Ce dispositif n'a généralement un effet sur le débit que dans un sens seulement.

La fermeture complète quant à elle a un effet drastique sur le volume de circulation puisque la rue impliquée devient ni plus ni moins qu'un cul-de-sac. Ceci peut toutefois apporter des désagréments importants pour les résidents et peut avoir un impact significatif sur les services d'urgences, dans certains cas.

Une alternative intéressante est sans aucun doute l'îlot déviateur placé en diagonal (diagonal diverter) qui permet de neutraliser la circulation de transit tout en gardant la rue utilisable et à double sens. Dans certains cas, ce dispositif peut avoir un impact aussi grand sur le volume qu'une fermeture complète, mais sans les inconvénients inhérents.

En fin de compte, peu importe le dispositif choisi pour réduire le volume de circulation, l'impact réel dépend de la disponibilité et de la qualité des routes alternatives. Ceci vaut pour les dispositifs visant les deux types de problèmes mentionnés plus haut.

Voilà donc un bref aperçu des moyens disponibles et, bien qu'il existe une multitude de moyens pour influencer les vitesses et les débits, il faut garder à l'esprit que chaque situation est particulière et mérite que l'on procède à une étude approfondie du secteur avant d'opter pour une solution. Souvent une combinaison de plusieurs dispositifs peut aider à résoudre un problème récurrent de circulation.

Pour en connaître d'avantage vous pouvez aller visiter le site Internet de l'Institute of Transportation Engineers (ITE)

 

 

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