De l'électricité solaire grâce au principe de la convection


Marcel Tremblay

 

Dans l'Antiquité, de nombreuses religions considéraient le soleil comme le plus puissant des dieux. Elles lui vouaient un véritable culte car, en plus de gérer le rythme de la journée, celui-ci aidait à la pousse des récoltes en propageant partout sa lumière et sa chaleur.

Aujourd'hui, le soleil agit toujours de façon aussi déterminante sur nos activités quotidiennes. Par contre, notre société industrielle a développé des techniques de production d'électricité nécessitant l'utilisation du charbon, du gaz, de l'hydroélectricité et du nucléaire. Toutes ces technologies affectent notre environnement de différentes façons.

L'électricité produite par des barrages (hydroélectricité) mise sur la force motrice de l'eau pour alimenter les générateurs. En modifiant la vitesse d'écoulement et en détournant des rivières, on change radicalement la biodiversité existante. Lorsque nous utilisons le charbon ou le gaz, nous augmentons le volume des gaz à effet de serre (GES).

Pour que les ressources naturelles de notre planète puissent se régénérer, nous devons trouver une alternative à leur utilisation et faire des choix technologiques qui respectent davantage l'environnement. L'énergie solaire s'inscrit dans cette direction.

À la surface du soleil, la puissance énergétique dégagée est d'environ 66MMW/m2. Une grande partie de cette énergie est perdue lors des huit minutes prises pour atteindre la Terre. Un seul de ces mégawatts touchera le sol. Pour canaliser cette source d'énergie inépuisable, Jörg Schlaich, professeur à l'Université de Stuttgart en Allemagne, a décidé de créer la plus haute tour solaire du monde en Australie. Les promoteurs et le gouvernement fédéral australien ont choisi le site de Neds Corner, dans le nord de l'État de Victoria, situé en plein désert, à 65 km à l'est de Mildura. Cet endroit est non seulement inhabité, ensoleillé et plat, mais il a aussi l'avantage d'être situé près d'une ligne à haute tension qui permet le transport de l'énergie produite.

Cette tour de 800 M $ culmine à 1000 m de hauteur et posséde un diamètre de 130 m. Au pied et tout autour de la tour, des panneaux solaires s'étendant sur un rayon de 2,5 km sont installés sur une armature d'acier. Ils agissent comme un entonnoir et permettent à la chaleur de monter dans la tour par convection. Le vent artificiel ainsi créé atteint une vélocité de 35 à 50 km/h et actionne 32 turbines qui entraînent les générateurs électriques. Elle se veut une alternative aux centrales polluantes existantes et pourra générer 200 MW d'énergie électrique dès cette année.

Un procédé éprouvé
Cette technologie inusitée a déjà fait ses preuves. En effet, l'équipe du professeur Schlaich a construit à Manzanares, dans la province de La Mancha au sud-est de l'Espagne (pays des moulins à vent de Cervantes), une tour solaire de 194 m de haut entourée à sa base de 6000 m2 de panneaux. Cette centrale prototype a produit 50 MW par année de 1982 à 1989 avec un minimum de mise au point et d'entretien.

Pour alimenter en électricité ses régions éloignées, l'Australie a présentement recours à des centrales fonctionnant au charbon dans une proportion de 90%. Or, selon l'Institut australien de l'énergie, pour produire 200 MW et éclairer environ 200 000 foyers, ces centrales génèrent annuellement plus de 900 000 t de CO2. De plus, d'après les chiffres compilés, le pays émet la plus forte quantité de gaz à effet de serre au monde, soit 27 t par habitant. Le Canada et les États-Unis le suivent de très près à ce chapitre.

Les pays signataires de l'accord de Kyoto ont jusqu'en 2010 pour diminuer de 5% leurs émissions de GES enregistrées en 1990. L'énergie solaire est propre et inépuisable. Même si certains estiment qu'une telle tour peut réchauffer l'atmosphère en transformant le rayonnement solaire en air chaud, quelle alternative "verte" avons-nous pour préserver les ressources naturelles de notre planète ? L'utilisation du pétrole, du gaz et du charbon produisent des millions de tonnes de GES qui polluent l'air, l'eau et le sol depuis des décennies. La tour solaire n'émet rien.

Les études ont prouvé que cette technologie solaire s'adapte à toutes conditions climatiques de pays chauds comme le Mexique et l'Égypte ou plus froids comme le Canada.. Bien que le temps des cultes et dévotions soit passé, une chose est certaine, tôt ou tard la nature prendra la place qui lui revient. L'Homme est par ses actions, à la fois le destructeur et le sauveur de sa planète.

Source: Schlaich Bergermann und Partner


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