Americana 2003 - Des solutions pour un monde en santé


 

par: Marcel Tremblay

 

Voilà le thème général d'AMERICANA 2003 qui s'est déroulé du 19 au 21 mars dernier au Palais des congrès de Montréal. Organisé par RÉSEAU environnement, cette 5e édition a de nouveau suscité beaucoup d'intérêt avec des participants venant des Amériques, d'Europe et d'Afrique.

Parmi les sujets couverts lors des conférences, notons quelques études de cas portant sur l'air, les changements climatiques, le développement durable, les matières résiduelles, les sols contaminés ainsi que les opportunités d'affaires. Le secteur de l'eau a de nouveau démontré son importance, non seulement dans les ateliers et conférences, mais également dans les technologies exposées au Grand Salon.

L'exploitation de l'eau potable, le traitement des eaux souterraines, de surface et usées, sont des activités de premières importances pour acheminer une eau de qualité à la population. L'eau est une ressource vitale et renouvelable, souvent mal gérée ou négligée, faute de moyens financiers suffisants.

Pour certains intervenants, avoir privilégié la qualité de l'eau au détriment du réseau de distribution expliquerait l'état vétuste des infrastructures actuelles. Comme le mentionne Denis Lapointe, maire de la ville de Salaberry-de-Valleyfield, "le problème serait d'autant plus sérieux que les petites municipalités n'ont pas la capacité fiscale pour réparer selon les normes environnementales exigées par le gouvernement."

Au Salon, experts et politiciens ont apporté une solution pour gérer efficacement l'eau et rétablir un réseau de distribution de qualité. Ils ont proposé l'application de la Politique nationale de l'eau (PNE) du gouvernement québécois, politique qui est sous la responsabilité du ministère des Affaires municipales et de la Métropole (MAMM).

Plusieurs engagements de la PNE aideront les municipalités en leur offrant un soutien financier sur cinq ans. Fortes de cet appui, elles pourront procéder à la mise aux normes environnementales de toutes leurs installations d'approvisionnement et de traitement d'eau potable.

Pour assurer la longévité des infrastructures, chaque municipalité devra élaborer un plan d'intervention qui établira l'état réel de celles-ci ainsi que la priorité des travaux à effectuer pour une année. Les municipalités seront encouragées à renouveler leurs réseaux selon un taux de 0,8% par année d'ici 2007 et de 1% d'ici 2012. Tous les travaux de construction, de remplacement et de réparation des infrastructures existantes devront respecter des normes de qualité strictes.

Pour obtenir une meilleure gestion des services d'eau, la PNE entend développer, au cours de cette année, un outil permettant de calculer le coût de revient de l'eau traitée qui est fournie à la population. Sur une période de 10 ans, on espère ainsi sensibiliser suffisamment les gens pour amener une diminution de 20% de la consommation d'eau par personne. Cette réduction répondrait à l'objectif de la nouvelle stratégie nationale de conservation de l'eau. Rappelons, qu'au Québec, chaque personne utilise en moyenne 400 l d'eau douce par jour, dont à peine 5% sert à la préparation de la nourriture et à la consommation d'eau.

En 2003, la compétence des opérateurs de l'usine ontarienne de traitement et de distribution d'eau potable de la ville de Walkerton fut jugée déficiente. L'omission des opérateurs d'effectuer un traitement adéquat des eaux usées a créé une eau contaminée par la bactérie pathogène, E. coli. Sept personnes en sont décédées et 2300 en ont été infectées.

Pour éviter ce genre de situation, l'article 44, du Règlement sur la qualité de l'eau potable, exigera un certificat de compétences des gens chargés du fonctionnement des installations de captage, de traitement et de distribution de cette ressource. Ces derniers devront obtenir ledit certificat au plus tard le 28 juin 2004.

En suivant le principe qu'une intervention faite en amont (en haut) entraîne des conséquences en aval (en bas), le gouvernement du Québec adoptera une gestion des bassins versants pour protéger l'eau à la source et empêcher sa contamination.

Un bassin versant désigne l'ensemble d'un territoire drainant les eaux de ruissellement vers un même cours d'eau principal ou un de ses affluents. Les eaux qui s'infiltrent dans le sol alimentant les nappes d'eaux souterraines et les lacs s'y trouvant font aussi partie de ce bassin.

De façon progressive, le gouvernement entend établir et financer 33 organismes gestionnaires de bassins. Chaque organisme sera affecté à un cours d'eau déjà ciblé. Cette gestion intégrée vise la concertation de l'ensemble des gestionnaires de l'eau en vue d'atteindre un développement durable.

Reconnaissant le rôle majeur des industries dans la dégradation de l'eau, le gouvernement étendra le Programme de réduction des rejets industriels à des secteurs autres que celui des pâtes et papiers notamment, ceux de la chimie, du textile et de l'agroalimentaire. Ces consommateurs d'eau se verront imposer un "fonds national de l'eau" qui prendra la forme d'un système de redevances. La redevance exigée sera établie selon la quantité et la qualité de l'eau utilisée. Ce fonds variera donc d'un secteur à l'autre et servira à protéger, restaurer et valoriser la ressource.

En plus de créer des matières résiduelles, de contaminer les sols et l'air, nous négligeons notre première ressource qu'est l'eau. L'activité humaine engendre de brusques changements climatiques qui perturbent l'environnement. Pour résoudre ces problèmes d'actualité, des Canadiens ont développé un savoir-faire unique.

En faisant intervenir tous les acteurs des services de l'eau, la PNE du gouvernement québécois se veut l'une des plus sérieuse et avant-gardiste du monde. Ici, nous avons fait état que de quelques éléments de la Politique. Nous pouvons d'ores et déjà remarquer la force de cette dernière. De la source au robinet, voilà une approche qui ne manque pas d'intérêt pour la société.


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