Chrysler Pacifica : un premier VMS
On attendait beaucoup de la nouvelle Chrysler Pacifica. Bien nommée et bien tournée, cette descendante de l'Autobeaucoup est l'un des premiers véhicules multisegments à faire son apparition sur le marché. Qu'est-ce qu'un véhicule multisegment direz-vous ? C'est ce que les Américains appellent un &laqno;Cross Over», c'est à dire un engin qui peut s'apparenter à plusieurs types de modèles. Dans le cas de la Pacifica, on a affaire à une familiale, une mini-fourgonnette, un utilitaire sport et une voiture de luxe. Tout ça dans un seul et même véhicule. Après en avoir fait l'essai, je dirais que la Pacifica est intéressante à certains égards mais qu'elle me fait penser à un pneu quatre saisons. Pourquoi ? Parce qu'elle correspond à tous les genres qu'elle entend adopter mais n'en retient aucun avec aplomb. Tel le pneu quatre saisons, nous sommes confrontés à une série de compromis dont le résultat nous laisse mi-figue, mi-raisin. La Pacifica n'est ni une bonne familiale, ni une mini-fourgonnette compétente pas plus qu'elle n'est une voiture de luxe ou un utilitaire sport. En voulant être tout à la fois, elle doit consentir à des sacrifices qui font qu'elle n'est jamais au sommet de sa forme dans l'un ou l'autre de ses quatre rôles. Ainsi, malgré les 4 roues motrices de la version mise à l'essai, pas question d'aller jouer dans le bois avec cette Chrysler. Elle se débrouillera très bien en hiver dans la neige mais ne comptez pas faire de l'escalade à son volant. La suspension propose aussi un mélange de douceur et de rudesse qui l'empêche de s'immiscer dans le clan des voitures de luxe. Finalement, elle manque d'espace logeable pour remplacer une familiale et n'a pas la versatilité d'une véritable fourgonnette même si elle emprunte le hayon arrière motorisé de ses cousines les Town and Country et les Dodge Grand Caravan. Des qualités tout de même Par ailleurs, l'accès à bord est facilité par la hauteur raisonnable de la Pacifica et, une fois au volant, la présentation adopte une belle touche de luxe. La position de conduite est bonne et les sièges plutôt confortables. On peut même régler le pédalier, ce qui est l'une des nombreuses astuces de l'aménagement intérieur. Les enfants, en seconde rangée, bénéficieront d'une vraie cour d'école tellement les places arrière sont spacieuses. Ils prendront place dans de délicieux sièges baquets à dossiers inclinables et toléreront mieux les longs voyages grâce au centre de divertissement complété par un petit écran surplombant le compartiment arrière. Quant à la 3e rangée de sièges, seuls des enfants en bas âge ou des contorsionnistes du Cirque du soleil pourront s'y loger. Et advenant une telle éventualité, vous pourrez dire adieu à l'espace pour les bagages qui devient alors extrêmement limité. Visibilité exécrable L'autre handicap majeur de la Pacifica est sa motorisation. Les 250 chevaux de son V6 de 3,5 litres sont une bien maigre pitance pour un véhicule qui pèse aisément plus deux tonnes. Il faut effectivement être patient pour doubler un autre véhicule ou franchir le 0-100 km, une affaire de plus de 11 secondes. Côté consommation, on doit s'attendre à une moyenne de 13,2 litres au 100 km, mesurée par l'ordinateur de bord de la voiture dont l'équipement comporte également un excellent GPS. D'autre part, la finition intérieure affiche pour la première fois chez Chrysler un niveau de qualité qui nous laisse sentir que l'entité Daimler de DaimlerChrysler - c'est-à-dire Mercedes-Benz - a mis la main à la pâte. Le châssis a aussi été rigidifié et la voiture mise à l'essai était dépourvue de ses agaçants bruits de caisse qui sont le lot de trop de voitures nord-américaines. Somme toute, je m'attendais à beaucoup mieux de cette Chrysler Pacifica et j'espérais y trouver une certaine sophistication qui lui aurait permis d'ouvrir un nouveau du marché comme l'avait fait l'Autobeaucoup à ses débuts. En lieu et place, on se retrouve avec un curieux mélange de tout et de rien et plus précisément d'une fourgonnette un peu fardée avec un centre de gravité légèrement plus bas. Je ne crois pas que ce premier véhicule &laqno;génétiquement modifié» tracera la voie du futur pour l'industrie automobile.
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