Jeep Liberty : tradition et modernisme
Le Jeep Cherokee aura eu la vie dure. Il devait être éliminé après l'arrivée du Grand Cherokee en 1992, il a poursuivi sa carrière en raison d'une très forte demande de la part des acheteurs. Chez Jeep, on a continué la production en se disant que le phénomène allait s'estomper rapidement. Pourtant, année après années, les chiffres de ventes étaient stables alors que les acheteurs plébiscitaient les dimensions raisonnables de ce tout-terrain, son agilité de chèvre de montagne en conduite hors-route et une mécanique robuste à défaut d'être sophistiquée. Malgré une cure de rajeunissement en 1997 qui a permis de rafraîchir la silhouette, remplacer le tableau de bord et moderniser quelque peu la mécanique, le Cherokee arrivait de plus en plus difficilement à se défendre contre une horde de nouveaux modèles plus modernes, plus élégants et plus sophistiqués à tous les points de vue. Le nouveau Liberty qui le remplace doit posséder le modernisme nécessaire pour être de son époque, tous en respectant la tradition de la marque Jeep. Après tout, c'est Jeep qui a inventé cette catégorie. Parlant d'héritage et d'équité de marque, il est malheureux à mon avis que la direction de Daimler-Chrysler ait abandonné l'identification de Cherokee au dépend de Liberty. Avec ce nouveau nom, il faut presque repartir à zéro auprès du public. Une longue tradition Les stylistes se devaient également de respecter la tradition
visuelle des modèles antérieurs. En intégrant plusieurs
des éléments stylistiques du prototype Dakar dévoilé
en 1997, ils ont retenu la silhouette passablement équarrie propre
à Jeep tout en conservant également la célèbre
calandre à sept rayons verticaux qui assure une identification automatique.
Les phares circulaires ainsi que la forme du capot sont aussi des emprunts
au passé de même que les passages de roues en relief. Par contre,
les rondeurs des angles de la carrosserie sont inspirés par un autre
prototype : le Jeepster dévoilé en 1998. Enfin, les cadrans
circulaires du tableau de bord sont directement semblables à de ceux
de la première Jeep fabriquée par Willys-Overland en 1941.
Si on avait voulu respecter la tradition, la direction aurait été à billes. Pourtant, les ingénieurs ont opté en faveur d'une direction à pignon et crémaillère. Enfin, les groupes propulseurs n'ont aucune filiation avec ceux du Cherokee. Le moteur de série sur le modèle Sport est le même quatre cylindres de 2,4 litres de 150 chevaux qui équipe le PT Cruiser, La boîte manuelle est la seule disponible avec ce moteur. Le Limited est livré avec un V6 de 3,7 litres d'une puissance de 210 chevaux. Il s'agit d'un moteur dérivé du V8 4,7 litres initialement utilisé sur le Grand Cherokee et sur le Durango par la suite. Incidemment, ce V6 est livré de série avec la boîte manuelle tandis que l'automatique à quatre rapports est offerte en option. Le Cherokee s'était également attiré les critiques avec la présence de son pneu de secours pleine grandeur dans le coffre à bagages. Sur le Liberty, les concepteurs ont remplacé le hayon arrière par une ouverture combinée intégrant une lunette arrière indépendante et une porte inférieure à charnières latérales où est ancré le pneu de rechange. Surprise Mais ce qui distingue le plus le Liberty est sa conduite sur la route. La suspension avant fait des merveilles pour absorber les chocs et assurer une stabilité directionnelle impeccable. De plus, la nouvelle direction à crémaillère n'est pas trop assistée, ce qui nous permet d'avoir un excellent feed-back de la route. Je me demande toutefois si cette direction très précise ne sera pas snobée par les conducteurs américains qui préfèrent généralement quelque chose de moins sensible. Généralement neutre en virage avec un sous-virage modéré lorsque poussé à la limite, cette Jeep se démarque surtout par son confort. La caisse très rigide a permis aux ingénieurs d'assouplir la suspension, ce qu se traduit par un confort surprenant pour la catégorie. Le moteur V6 grogne quelque peu lorsqu'on écrase l'accélérateur à fond, mais il est fort bien adapté autant par son rendement que sa puissance. La boîte automatique ne suscite aucun commentaire négatif. Par contre, puisque les versions à moteur V6 et boîte manuelle seront offerts un peu plus tard, je n'ai pas été en mesure d'essayer cette combinaison qui est pourtant de série sur le Limited. Enfin, l'habitacle est confortable et moderne. Il faut également souligner que l'accès aux places arrière est très facile puisque les portières arrière sont de grandes dimensions. Enfin, tous les sièges sont confortables. Par contre, la version avec le moteur quatre cylindres et la boîte manuelle, déçoit alors que les reprises sont molles. Il faut d'ailleurs constamment jouer du levier de vitesses pour que quelque chose se produise. De plus, le passage des rapports est saccadé. Conclusion
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60 ans d'histoire...
La marque Jeep tire ses origines d'un véhicule tout-terrain réalisé pour le compte de l'armée américaine. En effet, le 23 juillet 1941, Willys-Overland obtenait le contrat pour la production du premier Jeep. La version civile, le CJ-2A, est apparue en 1945. La marque de commerce &laqno;Jeep» a été enregistrée le 30 juin 1950, par Willys-Overland afin de capitaliser l'équité de la marque rendue célèbre dans le monde entier lors de la seconde guerre mondiale. En 1962, les Jeep de la série J ont fait leurs débuts. Offerts en versions pickup et familiale, ils étaient les premiers à jumeler le rouage à quatre roues motrices, un moteur V8 et une transmission automatique, devenant en quelque sorte le premier véhicule utilitaire sport. En 1984, la série XJ (le petit Cherokee) était en quelque sorte le premier véhicule utilitaire sport compact. En 1992, le Jeep Grand Cherokee, qui avait été conçu à l'origine pour remplacer le XJ, fut plutôt destiné à une clientèle plus affluente. Il a été entièrement redessiné en 1999, alors que le Cherokee poursuivait son chemin en demeurant un des 4x4 les plus abordables sur le marché. Le Liberty, quant à lui, est un véhicule moderne qui fait honneur à ses racines sans toutefois exiger de ses propriétaires les mêmes compromis au niveau du confort que ses prédécesseurs. (JFV) |
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