La reformulation
des essences: pour le meilleur? ou pour le pire?
La reformulation des essences automobiles soulève dans certains cas une controverse quant à la toxicité et la persistance dans l'environnement des produits de remplacement. Aux États-Unis depuis 1990, le "Clean Air Act" spécifie que des produits favorisant l'oxygénation de l'essence, tel l'éther méthylique du terbutanol (MTBE), doivent être ajoutés afin de favoriser la combustion et ainsi diminuer l'émission atmosphérique de monoxyde de carbone (CO). Pour rencontrer ces spécifications, les essences reformulées peuvent contenir jusqu'à 10 15% de MTBE en volume. Au Canada, le MTBE est manufacturé à Edmonton seulement. Les normes canadiennes tendent à s'harmoniser avec les spécifications américaines. L'intérêt de l'utilisation du MTBE vient de son faible coût, de sa facilité de production, de son indice d'octane élevé et de ses bonnes propriétés de mélange avec l'essence. Il peut être produit directement sur le site des raffineries et ajouté aux essences sur place. Approuvé depuis 1979 aux États-Unis, la production du MTBE a augmenté en moyenne de 25% par année depuis le début des années '80. Actuellement, 36 % de l'essence vendue aux États-Unis contient des produits augmentant l'oxygénation de l'essence et de ce nombre, le MTBE représente 85%. Des effets soupçonnés sur la santé humaine Le MTBE est beaucoup plus soluble dans l'eau que d'autres composés de l'essence, tels le benzène et le toluène. De plus, il s'absorbe peu sur le matériel géologique lui conférant une grande mobilité dans les sols et les eaux souterraines. Sa mobilité est également due au fait que le MTBE est difficilement dégradable dans l'environ-nement par voie biologique et abiotique. Afin de déterminer l'ampleur de la contamination par le MTBE dans les eaux souterraines, une vaste étude a été réalisée par le USGS (U.S. Geological Survey) en 1993-1994. En tout, 210 puits et sources ont été échantillonnés dans 8 régions urbaines et 549 puits en région agricole. Le nombre de puits contaminés et la concentration en MTBE étaient significativement plus élevés en région urbaine qu'agricole, soit une proportion de 27% et 1,3% respectivement. Les sources de contamination des nappes phréatiques peuvent être diffuses, telles les eaux d'orage, ou ponctuelles, tels un réservoir souterrain fuyant, un site d'enfouis-sement, une industrie, un pipeline, etc. En résumé, sur 60 composés analysés, la détection du MTBE a été le deuxième en importance en région urbaine. Jusqu'à présent, les chercheurs n'ont pas identifié clairement la voie d'entrée et le transport du MTBE dans l'eau souterraine limitant ainsi la mise en place de spécifications pour la protection. De plus, des recherches sont nécessaires pour connaître les produits de dégradation du MTBE qui pourraient s'accumuler dans les eaux souterraines. La dégradation du MTBE par voie biologique, en conditions optimisées, semble être une solution de remédiation des eaux souterraines. Une équipe de recherche a isolé des cultures pures de bactéries à partir d'un réacteur de boues activées (usine de traitement de l'eau) dégradant 40% de 200mg/L MTBE en 1-2 semaines à 22-25°C. Une autre étude a montré que des conditions particulièrement favorables à la dégradation aérobie (en présence d'oxygène) permettaient une biodégradation du MTBE présent dans l'eau de puits. Aussi, les chercheurs ont mis en évidence une relation d'inhibition de la biodégradation du MTBE en présence d'autres produits de l'essence (benzène, toluène, éthylbenzène et xylènes). La poursuite des travaux permettra de proposer une méthode de traitement biologique avec l'utilisation de murs réactifs au niveau de la nappe souterraine.
Références Internet : http://interweavers.com/stopthepoison.html http://www.oxybusters.com/prmj_108htm http://www.epa.gov/OMS/consumer/fuels/oxypanel/blueribb.htm |
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