Un retour au sommet pour le Range Rover 2003

 


Par Jacques Duval

 

Passons tout de suite aux aveux ! Je n'ai jamais été très entiché des produits Land Rover et j'ai même écrit de vilaines choses au sujet de leur piètre rapport qualité/prix. Mais, comme il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'idée, je dois dire que j'ai été passablement impressionné par le nouveau Range Rover 2003 qui débarquera sur le marché canadien en mai prochain.

Land Rover m'avait invité dans le nord-est de l'Écosse pour mettre à l'épreuve leur dernier né dans des conditions on ne peut plus rigoureuses. Avant de vous relater mes impressions de conduite, faisons brièvement le tour du propriétaire du nouveau Range Rover. Première chose importante à souligner, cet utilitaire sport haut de gamme est une création germano-britannique puisque sa conception remonte à l'époque où BMW était propriétaire du groupe Rover. Depuis, la division Land Rover est passée sous le grand chapiteau de Ford où elle fait partie du Premier Automotive Group (PAG) au sein duquel se retrouvent également Volvo, Jaguar, Lincoln et Aston Martin.

Tous ces remaniements sont porteurs de bonnes nouvelles et il est permis de croire que les nouveaux modèles issus de ces partenariats bénéficieront d'une qualité de fabrication améliorée. Chose certaine, les Range Rover 2003 essayés en Écosse ont fait preuve d'une robustesse rassurante et, croyez-moi, rien n'a été épargné pour faire ressortir d'éventuelles faiblesses. Malgré de longues excursions hors route sur des sentiers boueux et très accidentés, aucun des sept véhicules soumis aux pires excès des journalistes présents n'a subi la moindre défaillance.

Si l'on ajoute à cela un agrément de conduite jusqu'ici impensable pour ce type d'engin, on comprendra mieux mon "changement de capot" vis-à-vis le porte-étendard de Land Rover. Son moteur V8 de 4,4 litres et 282 chevaux est pétant de santé et fait rudement contraste avec l'antiquité de 222 ch qui sévit présentement sous le capot des Range Rover 2002. Le contraire serait étonnant compte tenu que ce groupe propulseur, jumelé à une transmission automatique séquentielle à 5 rapports , provient de chez BMW où il a la tâche d'animer la X5 et diverses berlines aux performances bien aiguisées.

Ajoutons que ce nouveau modèle n'a rien en commun avec l'ancien, si ce n'est un air de famille assez prononcé. La ligne est élégante et sans artifice mais le coup de cur vient surtout de la présentation intérieure où se marie harmonieusement des cuirs somptueux aux couleurs vives à des garnitures en bois mat. Un peu plus et l'on se croirait au volant d'une Audi. Et l'ergonomie, si souvent incongrue des créations anglaises, est sans reproche majeur. Même dans un véhicule avec conduite à droite, je m'y suis trouvé à l'aise après quelques heures au volant.

Technique d'avant-garde
Pour verser dans les détails plus techniques, soulignons que le Range Rover 2003 a tout ce qu'il faut pour faire face aux pires conditions de conduite imaginables. Il peut compter sur une pléthore de systèmes de contrôle à commande électronique : contrôle de descente (Hill Descent Control), de la traction aux quatre roues, de la stabilité dynamique, de la répartition du freinage. Le freinage, incidemment, est assuré par quatre disques et bénéficie en outre de l'ABS ainsi que d'un système d'assistance spécial pour les arrêts d'urgence. Et comme tout 4X4 qui se respecte, le Range possède un boîtier de transfert à deux gammes de rapports (High et Low) pouvant être sélectionnés sans avoir à immobiliser le véhicule. En complément, la suspension à air à hauteur variable permet de faciliter l'accès à l'habitacle ou d'élever le véhicule pour les passages difficiles. Les 28 cm (11 pouces) de garde au sol sont très utiles croyez-moi quand vient le moment de franchir une rivière. Avec sa nouvelle suspension arrière à roues indépendantes, le Range Rover a aussi fait d'immenses progrès au chapitre du confort et de la tenue de route. Ce fut d'autant plus évident pour moi, puisque j'avais conduit le Cadillac Escalade EXT pendant toute la semaine précédant mon essai du Range Rover. Ce dernier absorbe les inégalités du terrain avec toute la souplesse (enfin presque) d'une berline de luxe.

À ce propos, Bob Dover, le président de Land Rover, affirme que ce nouveau modèle est suffisamment luxueux et sophistiqué pour rivaliser non seulement avec les utilitaires sport haut de gamme mais également avec les Mercedes de Classe S ou BMW de Série 7. Chose certaine, son prix estimé à 100 000 $, le place en concurrence directe avec les prestigieuses berlines allemandes. L'absence de bruits de caisse et le comportement routier très satisfaisant notés lors de l'essai résultent en bonne partie de l'utilisation d'une nouvelle carrosserie monocoque à châssis intégré dont la rigidité dépasse celle de l'ancien modèle de 240%. (sic).

Un poids lourd
Malgré une utilisation intensive de l'aluminium dans la construction du nouveau Range Rover, celui-ci a pris du poids et dépasse désormais la barre des 5 000 livres en accusant 2 438 kg. En revanche, il peut remorquer jusqu'à 3 493 kg. Cet embonpoint, fort heureusement, n'est nullement détectable sur la route ou même dans les pentes abruptes que nous avons dû affronter lors d'une sortie tout-terrain au Novar Wind Farm dans la région de Dornoch en Écosse. Sur le chemin du retour vers l'aéroport militaire de Kinloss où nous attendait le jet privé devant nous ramener à Londres, j'ai profité des petites heures du matin pour pousser le Range Rover à la limite dans les nombreux "round abouts" (rond-points). Les flaques d'eau ont fait ressortir la faible résistance des pneus à l'aquaplaning mais, hormis ce détail, la tenue de route s'est révélée plus que satisfaisante avec un roulis minimal. Ajoutons à cela un moteur très en verve, une direction juste à point et un freinage sans heurt et il n'en faut pas plus pour conclure que cette 3e génération du Range Rover (le modèle n'a été remanié que 3 fois en 30 ans) est à des années lumière des précédentes versions. Je serais même enclin à croire que les gens de Land Rover ont tout à fait raison lorsqu'ils parlent de ce nouveau modèle comme d'un "crossover". C'est en effet une belle synthèse d'un utilitaire sport, d'une familiale , d'une mini-fourgonnette et, il faut bien l'avouer, d'une berline de grand luxe. Quel revirement de Land Rover.et d'un chroniqueur qui n'avait jamais été un grand ami de la marque.

 Fiche Technique Land Rover Range Rover
 Type: utilitaire sport, traction intégrale
 Moteur: V8 - 4,4 litres - 32 soupapes
 Puissance: 282 ch @ 5400 tr/min - 324 lb pi @ 3600 tr/min
 Transmission: automatique à 5 rapports
 Direction: à crémaillère - assistée
 Suspension: av indépendante / arr indépendante
 Freins: av disques / arr disques - ABS
 Accélérations 0-100 km/h: 9,2 secondes
 Vitesse maximale: 210 km/h
 

 

 

 

  Land Rover Range Rover

Mercedes-Benz ML500

BMW X5 4,4i

 Empattement: 288 cm 282 cm 282 cm
 Longueur: 495 cm 464 cm 467 cm
 Largeur: 196 cm 184 cm 187 cm
 Hauteur: 186 cm 182 cm 172 cm
 Poids: 2438 kg 2210 kg 2188 kg
 Puissance: 282 hp 292 hp 290 hp
 Pneus: P255/55R19 P275/55R17 P255/55R18
 Réservoir: 100 litres 95 litres 93 litres


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