Conduire un utilitaire sans se faire regarder de travers

 


Par Jacques Duval

 

 

On peut se demander ce qu’une Audi A7 vient faire dans cette chronique traditionnellement consacrée aux véhicules utilitaires sport. Eh bien, la clé de l’énigme est que l’Audi A7 Sportback possède non seulement une motricité exceptionnelle dans la neige et pourrait grimper certaines collines si l’on avait l’audace de la confronter à des conditions routières peu carrossables, mais de plus, sa soute à bagages est aussi un remarquable fourre-tout parfaitement accessible via le hayon arrière. En somme, elle est tout aussi utilitaire que bien d’autres véhicules dont on a traité dans cette chronique, et certainement plus sportive que la plupart d’entre eux.

Là où l’Audi brille de tous ses feux, c’est sous la loupe de l’esthétisme. On la trouve bien tournée et plutôt jolie, bien que je désavoue un peu cette admiration. À mes yeux, le traitement de la partie arrière n’est pas particulièrement réussi. Mais, c’est une question de goût et les goûts vous le savez ne se discutent pas. Passons à autre chose.

De solides performances
Précisons par exemple que ce modèle est une extrapolation de la berline A6 qui se mérite les éloges de la presse spécialisée depuis sa transformation pour l’année-modèle 2012.

Je l’ai conduite également et malgré la ressemblance des deux modèles au plan dynamique, je crois que j’opterais davantage pour la A6 offerte pour quelque 10 000 $ de moins.


Mais revenons à notre A7 Sportback, une désignation visant à faire croire aux Américains qu’il ne s’agit pas d’un hayon pour une clientèle allergique à ce genre de carrosserie. Or, il s’agit bel et bien d’un arrière ouvrant même si Audi évite d’en parler ouvertement chez nos voisins de Plattsburgh.

Routes et sentiers
Cette Audi aux airs de coupé peut compter uniquement sur un V6 à compresseur dont les 310 chevaux sont dispensés entre 5500 et 6500 tours-minute. Top chrono, comme disent les Français, notre voiture d’essai s’est envolée vers les 100 km/h en 6,5 secondes et ce temps pourrait être abaissé si seulement le moteur ne marquait pas un temps mort lorsque l’on enfonce l’accélérateur à fond. La boîte automatique fait de son mieux pour pratiquer l’économie avec ses 8 rapports qui garde le régime au-dessous des 1500 tours-minute à 100 km/h. Il en découle une consommation de carburant super de 9,5 l/100 km. Et malgré un certain manque de nerf à régime moyen, la voiture ne met que 3,5 secondes à passer de 80 à 115 km/h, ce qui assure des dépassements sans sueurs froides. Une telle performance provient de la transmission Tiptronic qui peut être commandée par des palettes sous les branches du volant.
L’A7 n’est pas ce qu’il y a de plus maniable en conduite urbaine où ses dimensions importantes et son diamètre de braquage sont quelquefois gênants.

Pour en finir avec le comportement routier, je dirais que le freinage est à la fois efficace et résistant en terrain montagneux alors que la direction est bien dosée, ni trop légère, ni trop lourde. Et j’allais oublier que si l’A7 est aussi tenace en virage, c’est grâce à son merveilleux rouage intégral Quattro.

Des défauts aussi
Un tour du propriétaire permet d’abord de se délecter d’une liste d’accessoires à n’en plus finir qui, pour ma part, me rend plus soucieux que content. Cette Audi remporte sans conteste le championnat dans ce domaine, un titre qu’elle vous fera grassement payé lors de votre passage à la caisse. À moins d’avoir la facilité d’un enfant de 10 ans à jouer avec une vraie myriade de boutons, de commandes et de pitons, cette A7 n’en finit pas vous mettre en colère tellement ses capacités sont nombreuses. Si seulement j’avais su comment supprimer cet inconfortable «flash» qui vous aveugle momentanément si jamais vous quittez votre voie de circulation tout en vous trouvant dans l’angle mort d’un autre véhicule. On dirait une décharge électrique.


Ce n’est là qu’un détail que votre jeune sera probablement en mesure de faire disparaître en «jouant» avec l’ordinateur de bord. Là où Audi se démarque, c’est avec son système de vision nocturne qui utilise une caméra infrarouge ainsi qu’avec une caméra de marche arrière qui donne des résultats carrément supérieurs à ceux de nombreux modèles de la même catégorie.

Un désagrément majeur cependant est le hayon arrière qui se soulève très haut, au point d’être difficilement atteignable pour les gens de petite taille. Il est si haut d’ailleurs qu’il a fracassé un des projecteurs servant à éclairer mon garage. Heureusement, le coffre est d’une profondeur exceptionnelle qui reflète bien le caractère utilitaire de l’Audi A7 Sportback.

Alors, vous comprenez maintenant pourquoi ce modèle avait sa place dans une chronique sur les utilitaires sport. Ce n’en est pas un à proprement parler, mais il tire tout de même bien son épingle du jeu dans ce monde où il faut toujours que «ça passe ou ça casse».

Pour du hors route en douceur, ce Sportback vous permettra de conduire un quasi utilitaire sans vous faire regarder de travers. Bons sentiers.

Fiche Technique Audi A7 Sportback
Type: "coupé" 5 portes à traction intégrale
Moteur: V6 - 3,0 l - 24 soupapes - compresseur
Puissance: 310 hp @ 5500-6500 tr/min - 325 pi.lbf @ 2900-4500 tr/min
Transmission: automatique à 8 rapports
Direction: à crémaillère, assistée
Suspension: av indépendante / arr indépendante
Freins: av disques / arr disques - ABS
Accélérations 0-100 km/h: 6,5 s
 
  Audi A7 Sportback

Mercedes E-Class Estate

BMW 535 Grand Turismo

Empattement: 284 cm 281 cm 281 cm
Longueur: 501 cm 463 cm 465 cm
Largeur: 187 cm 188 cm 188 cm
Hauteur: 168 cm 167 cm 165 cm
Poids: 2135 kg 1895 kg 1915 kg
Puissance: 300 hp 270 hp 300 hp
Pneus: 235/55R20 235/55R19 245/50R18
Réservoir: 80 l 75 l 67 l
capacité de remorquage: 1588 kg 2000 kg 1360 kg


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