Toyota sort des sentiers battus Par Jacques Duval
C'est tout juste si Toyota ne se réclame pas d'avoir réinventé l'automobile. Alors que l'on croit avoir devant soi un autre multisegment, le premier constructeur automobile du monde insiste pour crier bien haut que sa nouvelle Venza est unique en son genre et qu'elle n'appartient à aucune des catégories déjà existantes dans l'industrie automobile. Comme moi, vous avez le droit de vous montrer sceptique et de voir dans cette nouvelle venue une sorte de croisement entre une Camry et un Highlander. Or, disons le tout de suite, la Venza est dérivée des deux modèles précités. Offert en versions traction ou transmission intégrale, et quatre modèles distincts, cet engin un brin spécial innove, mais pas au point de nous faire connaître un nouveau concept automobile. La plate-forme de la Camry N'empêche que nous n'avons pas pu dupliquer les cotes de consommation publiées par Toyota. Par rapport aux 8,8 l/100 km annoncé pour le L4 AWD, notre consommation moyenne a plutôt été de 10,9 l/100 km tandis qu'elle est de 12,5 l/100 km pour le V6 AWD. On dira que l'on a sollicité davantage les véhicules que lors des tests officiels de consommation, mais nos chiffres sont néanmoins plus près de la réalité. De là à dire qu'une motorisation hybride serait souhaitable dans un tel véhicule, il n'y a qu'un pas. Hélas, Toyota ne semble pas prêt à le franchir... "du moins pas tout de suite", a-t-on répondu à ma question à ce sujet. Des pneus à neige chers et rares Avec ses 7 coussins gonflables, sa banquette arrière 60-40, son dispositif de retenue en côte, sa transmission bimode et ses innombrables espaces de rangement, la Venza est bien pourvue. Elle peut l'être davantage - mais à quel prix? - si on jongle avec la carte des options qui va du toit panoramique à la caméra de marche arrière en passant par le hayon assisté. À propos de prix, on nous a fait miroiter une possibilité d'accès à la gamme pour moins de 30 000 $ avec le modèle de base. On dépassera sans doute les 45 000 $ avec une Venza V6 AWD agrémentée de toutes les garnitures possibles. Confort absolu Avec la version traction, l'adhérence n'est pas terrible et il n'est pas difficile de faire patiner les roues avant, même avec le 4 cylindres. On détecte aussi un léger effet de couple malgré la puissance relativement modeste de 182 hp. La clientèle en quête d'une Venza pas trop chère serait bien avisée d'opter pour la traction intégrale. Si le confort est louable, la tenue de route est acceptable pour un véhicule d'un tel gabarit. Grâce à une direction très précise, la Venza est d'une belle maniabilité et s'inscrit en courbe à des vitesses que l'on croirait exclusivement réservées à des sportives. À l'intérieur, le levier de vitesse planté dans la partie inférieure du tableau de bord (comme dans la Yaris) est une bonne idée que tout le monde devrait imiter. Malgré cette large étendue de plastique noir qui recouvre un tableau de bord très profond, la qualité de la finition est digne d'une voiture de luxe. La visibilité, l'ergonomie et l'ambiance à bord sont d'autres détails qui ne passent pas inaperçus. Qu'il s'agisse d'un multisegment ou pas, la Venza est ce que j'appellerais la voiture familiale par excellence. Elle est loin d'avoir les aptitudes nécessaires pour aller batifoler dans les champs ou les ruisseaux, mais elle sera très à l'aise pour les grandes ou les petites sorties chics tout en offrant amplement d'espace pour cinq en plus de cette fiabilité dont seule Toyota semble avoir le secret.
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