Land Rover Freelander : la cadette de la famille...
Par Jacques Duval
Ça fait des années que je m'interroge sur les raisons qui peuvent inciter une personne à se procurer un produit Land Rover. Non seulement, leur silhouette n'est pas très esthétique, mais leur fiabilité a toujours été catastrophique. De plus, sur la route, leur comportement routier laisse fortement à désirer et je n'ai jamais éprouvé aucun plaisir derrière le volant de ces britanniques tout-terrain. Par contre, ils sont très performants en conduite hors route. Mais puisqu'un infime pourcentage des propriétaires de VUS les utilisent hors route, je demeure toujours aussi perplexe quant à leur pertinence. Malgré tout, leur popularité ne cesse de croître, surtout en raison de l'engouement de l'Amérique du Nord pour tout ce qui est véhicule utilitaire sport. C'est probablement la raison qui a incité Ford à acquérir la compagnie de BMW, qui a lancé la serviette après quelques années seulement. C'est donc sous la tutelle de Dearborn que le Freelander fait son entrée sur notre continent après avoir débuté en Europe en 1997. Cousins germains? Les 175 chevaux produits par ce V6 ne sont pas superflus puisque le Freelander est lourd pour la catégorie. De fait, il pèse 300 kg de plus qu'un Honda CR-V. Ce surplus de poids s'explique en grande partie par une plate-forme et un rouage d'entraînement conçus pour une conduite hors route assez poussée comme en témoignent les plaques de protection sous le véhicule et les robustes pièces de suspension. Land Rover a donc résisté à l'envie de faire du Freelander un véhicule urbain à transmission intégrale. Par contre, les ingénieurs l'ont doté d'un rouage d'entraînement qui s'éloigne des différentiels à temps partiel de jadis. Comme le veut la tendance actuelle, le Freelander est doté d'un visco-coupleur central qui a pour mission de répartir le couple aux roues ayant la meilleure traction. En conduite normale, près de 90% de ce couple est dirigé aux roues avant. Une perte d'adhérence du train avant transfère une partie de la puissance aux roues arrière. De plus, il est impossible de verrouiller les différentiels avant et arrière pour assurer une meilleure traction dans les conditions difficiles. La tâche revient à un système de contrôle de traction par utilisation des freins comme sur le Discovery II. Une solution qui ne fait pas l'unanimité parmi les puristes. Toutefois, c'est efficace pour autant que le système électronique veuille collaborer. Toujours au chapitre de l'assistance électronique au pilotage, le Freelander est équipé du mécanisme de contrôle de descente de pente (HDC) qui fait appel aux freins pour ralentir le véhicule dans les côtes abruptes. Cela remplace la démultiplication "Lo" sur les véhicules plus traditionnels. Toutefois, à l'usage, ce mécanisme se désengage lorsqu'on frôle la pédale de freins, ce qui peut provoquer des sueurs froides. Résultats mitigés Malgré ces améliorations, certains démons n'ont pas été exorcisés. À chaque virage, on sent que le véhicule se fait prier pour changer de cap tandis que le moteur semble peiner constamment pour vaincre les lois de la gravité. Et les performances sont assez moyennes puisqu'il faut patienter un peu plus de 11 secondes avant d'atteindre les 100 km/h. Heureusement, la direction est plus précise que celle du Discovery et le nombre de tours d'une butée à l'autre moins important. Malgré la réputation de Land Rover en fait de conduite tout terrain, le Jeep Liberty lui est supérieur tout en affichant une garde au sol plus élevée et un angle d'attaque nettement supérieur tout en ayant un moteur offrant plus de puissance et de couple. Finalement, il faut ajouter que l'habitacle est presque conventionnel pour un Land Rover. Plus besoin de consulter le manuel du propriétaire pour déchiffrer les commandes et leur fonctionnement. Une exception cependant : la commande visant à abaisser la lunette arrière. Il faut y songer avant de déchiffrer le pictogramme qui l'identifie. Malgré tout, c'est bien dans l'ensemble, tout comme la qualité de la finition et le confort des sièges. Et comme tout Land Rover qui se respecte, les espaces de rangement sont fort nombreux. Le Freelander est sans aucun doute le plus civilisé et le plus conventionnel des Land Rover. Par contre, le rendement moyen de son moteur et une tenue de route assez particulier ne plairont pas à tous. Seul un essai routier devrait vous permettre de décider si vous aimez ou détestez. Ce nouveau venu est aussi handicapé par un prix élevé pour la catégorie et un réseau de concessionnaires assez ténu. De plus, Land Rover Canada devra faire la preuve de la fiabilité de ses produits. Des progrès ont été accomplis au cours des deux dernières années, mais le Freelander devra leur être supérieur à ce chapitre pour pouvoir se tailler une part du marché.
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