Des grues à tour utilisées en haute montagne
Le barrage de Spitallamm est l’un des 2 barrages du lac du Grimsel, en Suisse. L’eau stockée dans les barrages est essentielle pour la production d’électricité de Kraftwerke Oberhasli AG (KWO). Construit entre 1925 et 1932, le barrage de Spitallamm était l’un des premiers grands barrages-voûte gravitaires, c’est-à-dire un barrage qui utilise son poids et les contreforts dans la roche à gauche et à droite du barrage pour retenir l’eau. À 114 m de haut, il était également l’un des barrages les plus hauts du monde au moment de sa construction. Le barrage Hoover aux États-Unis, qui mesure 220 m, a été construit entre 1931 et 1936. Des études et des tests approfondis réalisés dans les années 1960 ont révélé que la structure du barrage de Spitallamm présentait une «séparation verticale» due aux méthodes de construction utilisées lors de sa construction et aux réparations ultérieures. Cela signifie que la crête du barrage et le béton de parement du barrage avaient commencé à se séparer du reste du barrage, c’est-à-dire du béton de masse, et à se déplacer vers le lac du Grimsel. Cette séparation s’est accentuée au fil des ans. Au lieu de rénover le mur de l’ancien barrage, KWO va en construire un nouveau directement en face de celui-ci. Les travaux ont commencé en juin 2019 et devraient s’achever en 2025. En construisant un nouvel ouvrage de remplacement, KWO s’assure que l’eau du lac Grimsel pourra être utilisée à long terme sans interruption de la production d’électricité. Les travaux de construction dans les montagnes, à près de 1900 m d’altitude, sont extrêmement exigeants en termes de logistique. Les travaux se dérouleront 7 j/7, de mai à octobre, sur une période de 6 ans. La hauteur de la crête du nouveau barrage sera également relevée à 113 m. Cela impliquera l’utilisation d’environ 215 000 m3 de béton. Une grande partie du gravier nécessaire à cette fin sera traitée à partir des matériaux d’excavation et prélevée dans la décharge voisine de Gerstenegg. À environ 1900 m au-dessus du niveau de la mer, la vie se déroule à un rythme différent. Alors que l’été s’était déjà installé en plaine, il y avait encore de la neige au lac du Grimsel lorsque les 2 grues relevables WOLFF 1250 B ont été montées en juin 2019. Grâce à une météo clémente et à une logistique de transport efficace, l’équipe de montage de WOLFFKRAN, composée de 8 personnes, a pu ériger les grues avec des flèches de 70 et 75 m à leur hauteur finale respective de 92,1 et 87,1 m en seulement 2 semaines. Comme il était pratiquement impossible de stocker les composants sur le site extrêmement étroit, les livraisons devaient avoir lieu «juste à temps». Un total de 70 chargements devaient atteindre le chantier par la route sinueuse du col. L’équipe de montage, assistée de grues mobiles, a relevé le défi. Comme le démontage des grues pour la pause hivernale et le transport et le stockage ultérieurs des composants auraient été à la fois fastidieux et peu rentables, il a été décidé de laisser les grues entièrement montées sur le site pendant toute la période de construction. En conséquence, les ingénieurs ont dû adapter l’équipement afin de répondre aux exigences des hivers rigoureux. «Les ancrages sur le massif rocheux ou sur le barrage n’étaient ni une alternative possible sur le plan technique ni sur le plan économique», expliquat Rolf Mathys, directeur général de WOLFFKRAN Schweiz AG. «Les grues autoportantes devaient résister à des vitesses de vent allant jusqu’à 220 km/h, à des avalanches et au givrage. Tout a dû être recalculé à partir de zéro. Sur le Grimsel, nous avons affaire à des conditions totalement différentes de celles d’un chantier standard.» Des ancrages de fondation ont été spécialement fabriqués et plus de 600 m3 de béton assurent la stabilité requise pour chacune des grues. Ce site correspond à peu près à 10 fois le volume de béton utilisé pour une fondation d’une grue moyenne. Moins de 7 minutes sont nécessaires pour remplir la benne à béton de 7 m3 (l’équivalent du volume d’un camion malaxeur standard), l’amener au coffrage, la vider et la ramener pour la remplir à nouveau. |
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