Cogénération à Montréal : quand les déchets se transforment en gaz et en électricité par Claude Fugère
C'est une réalité géologique: il n'y a pas de gaz dans le sous-sol montréalais. Pourtant, la Ville parvient à en vendre pour un million de dollars chaque année. Un volume de 22 000 m3 à l'heure est généré par la décomposition des 33 millions de tonnes de déchets enfouies au Centre de traitement et d'élimination des déchets (CTED), qui est en fait l'ancienne carrière Miron. L'enfouissement des déchets y a commencé en 1968 et, avec les années, ce site est devenu le premier au Canada et le troisième plus gros en Amérique du Nord. Mais sa présence a fini par se faire sentir, au point de gêner les résidents du quartier Saint-Michel, l'un des plus densément peuplés de la ville, où les émanations de gaz méthane se répandaient au gré des vents. Depuis qu'elle a pris possession du site en 1988, la ville de Montréal a installé un réseau complexe de tuyaux, long de 18 km, pour capter les biogaz qui s'échappaient auparavant à l'air libre. "Actuellement, on capte un peu plus de 70% des gaz produits par le site", dit Robert Bessner du CTED. Pendant des années, le gaz a été simplement brûlé dans des dizaines de torchères. Mais depuis l'automne dernier, il est converti en électricité dans une centrale thermique de 36 millions de dollars exploitée par la Société Gazmont, un consortium formé de Novergaz, SNCLavalin et Biothermica Énergie. La centrale a une puissance de 25 MW, de quoi répondre aux besoins de 10 000 résidences. Le gaz est brûlé dans une chaudière à vapeur qui alimente une turbine de 100 tonnes couplée à un alternateur. La production est vendue à Hydro-Québec. La centrale devrait être en opération pendant 25 ans, soit plusieurs années après la fin de l'enfouissement des déchets qui est prévue autour de l'an 2008. "La production va graduellement baisser", dit Normand Bouchard de Novergaz, "elle tombera à 8 MW dans 20 ans pour les 5 dernières années, et après, on démolira la centrale, une fois que le site aura rendu son dernier souffle." |
© InfraStructures - Tous droits réservés - All rights reserved |