Creuse toujours...
par Marcel Tremblay
Votre rue ressemble-t-elle aux tranchées creusées par les soldats pour parer aux balles et mortiers ennemis ? Creuser une tranchée pour se protéger ou attaquer était populaire à l'époque car on utilisait une tactique militaire éprouvée. D'autres moyens existent aujourd'hui de sorte que la façon de faire la guerre a changé. Substituer ou remplacer directement une conduite d'aqueduc ou d'égout par l'excavation est une technique que les municipalités utilisent régulièrement. Parmi les désavantages associés à cette technique, notons que l'importance des travaux perturbe la circulation, la qualité de vie de la communauté ainsi que le fonctionnement des autres infrastructures. En posant les bons diagnostics, nous pouvons utiliser des méthodes et technologies qui ne requièrent presque pas d'excavation et sont donc moins dommageables pour l'environnement. Ces dernières peuvent nous faire économiser beaucoup de temps et d'argent. Nous définissons les procédés sans tranchée comme l'ensemble des méthodes de construction dont les matériaux et équipements perturbent peu ou pas l'environnement. Propriété conjointe de Gaz Métropolitain et de partenaires privés, Aqua-Rehab, de Laval, est une entreprise qui uvre dans les services et la réhabilitation d'infrastructures souterraines depuis 1988. Parmi les services offerts on compte le support technique et le prêt d'équipements pour la construction temporaire d'un système de distribution d'eau. En ce qui à trait à la réhabilitation, la compagnie procède généralement par chemisage ou par la projection d'un revêtement de ciment-mortier ou d'époxy dans les conduites. Le chemisage est un exemple de méthode rapide nécessitant peu d'excavation. Matière épousant les parois de la conduite, la "chemise", (un tissu imprégné de résine soit de polyester ou d'époxyde thermodurcissable ) améliore le coefficient de friction et augmente les capacités hydrauliques de la conduite. De plus, cette chemise résiste à la contraction et à la dilatation thermique. Selon Georges Dorval, président directeur général d'Aqua-Rehab, "il est normal que les municipalités, face aux nouvelles technologies non éprouvées, recherchent une certaine garantie technique du produit. Ce dernier doit répondre à certains impératifs socio-économiques. Dans ce sens, le Guide national proposé ne peut que nous aider car il est un outil avec lequel nos clients peuvent obtenir une garantie ou une information plus impartiale vis-à-vis les nouveaux procédés de réhabilitation ou de remplacement d'aqueduc." Mis en uvre par la Fédération canadienne des municipalités (FCN) et le Conseil national de recherche du Canada (CNRC), le Guide national pour des infrastructures municipales durables offre aux municipalités les meilleures solutions possibles en matière de développement. Financé par Infrastructures Canada, il doit tenir compte des facteurs socio-économiques et environnementaux propre à chaque municipalité. Le Guide émet des directives sur la technique de réhabilitation à utiliser selon les diagnostics posés par les services des travaux publics. Le creusement de tranchée ne doit plus être utilisé pour colmater de simples fuites. Les moyens techniques et informatiques d'aujourd'hui permettent une auscultation précise et rapide des conduites. Les municipalités doivent connaître les différentes possibilités qu'offre le secteur privé dans le domaine de la réhabilitation des infrastructures souterraines. Les nouveaux procédés de réhabilitation ont dorénavant deux fois plus de chance d'être utilisés car, mis à part le Guide national, les classeurs du Centre d'expertise de recherche en infrastructures urbaines (CERIU) tentent également de venir à bout des vieilles façons de faire. Comme le souligne le directeur de la section des Infrastructures souterraines, Joseph Loiacono, "nous devons changer notre approche. Nous considérons que les intervenants doivent se consulter afin de coordonner efficacement les travaux à effectuer par chaque contractant municipal ou privé. Il peut arriver qu'il faille reprendre une réhabilitation quelques mois plus tard car on avait omis de faire un travail préalable sur une autre infrastructure. Souvent, le manque de coordination et de communication entre les intervenants du milieu des infrastructures souterraines, de chaussée et d'ouvrages d'art, coûte cher. Il faut qu'il y ait une meilleure intégration entre ces trois domaines." Fondé en avril 1994, le CERIU vient de publier la deuxième édition de la collection des classeurs à l'attention des intervenants du secteur des infrastructures souterraines. Ce document technique sert surtout à informer et à sensibiliser les gens du milieu aux méthodes d'auscultation et de réhabilitation. En donnant une description objective des différentes technologies, cette édition cherche à dissiper les craintes des donneurs d'ouvrages face à ces nouveautés ainsi qu'à améliorer les communications entre les divers intervenants. La diffusion de l'expertise québécoise et les transferts technologiques sont d'autres aspects importants touchés par le CERIU. Toutes les municipalités veulent offrir à leur population un approvisionnement fiable, sécuritaire et suffisant en eau potable de qualité. Un réseau de distribution représente de 50 à 80% des dépenses liées à l'exploitation d'un système global d'eau potable. Comme le rappelle Monsieur Loiacono du CERIU, "les villes sont habituellement réfractaires face aux nouvelles technologies car elles doivent se fier à la compagnie qui présente son produit. Nous voulons les aider à passer cette barrière en leur offrant une information impartiale. Le Guide va nous aider dans cet objectif." Pour établir les Règles de l'art qu'on retrouve dans le nouveau Guide national, on a effectué certaines enquêtes dans 68 municipalités, représentant près de 40% de la population canadienne. Plusieurs résultats démontrent l'urgence de créer un tel guide, véritable code de conduite. En effet, la moitié seulement de ces villes utilisent les inspections de corrosion, la détection des fuites, les essais hydrauliques, le contrôle de la qualité de l'eau et les dossiers des plaintes des clients ou de la population pour évaluer le niveau de détérioration des conduites. Il ressort également que les municipalités ayant des conduites en fonte sont plus susceptibles d'observer une détérioration de la qualité de l'eau, une réduction de la capacité hydraulique, un débit de fuite élevé et de fréquentes fissures. Or, rappelons qu'environ 70% des conduites de distribution d'eau sont en fonte ou en fonte ductile. Ce n'est que depuis les années 70 qu'on utilise des tuyaux de PVC dont le taux de détérioration est peu élevé. Pour l'ensemble de la ville de Montréal, on a répertorié quelque 250 000 branchements d'égout sur un tronçon total de 2461 km de conduites. De ce nombre, 7 km sont construites, reconstruites ou réhabilitées à chaque année. Aussi, le service des Travaux publics et de l'environnement effectue environ 2500 interventions sur le réseau d'aqueduc, dont 70% sur les services d'eau et 18% sur les conduites. Les infrastructures souterraines sont comme nos artères, plus elles vieillissent plus elles nécessitent un bon programme d'entretien pour éviter toute anomalie dans leur fonctionnement. Une grande incision est souvent nécessaire pour réparer les artères endommagées du cur car c'est le seul moyen de parvenir à guérir la mauvaise circulation. Il est toujours possible que ce genre d'opération soit nécessaire, mais l'avancement des techniques médicales permet d'agir d'une façon plus spécifique et moins dommageable pour le reste du corps. Les nouvelles technologies émergeantes pour la réhabilitation des conduites demandent aux intervenants des nouvelles façons de faire les choses. Les Règles de l'art du Guide national, les classeurs du CERIU et les entreprises comme Aqua-Rehab ne demandent que ça. |
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