Le snowmobile, une fierté québécoise
Aller où l'on veut, quand on le veut, procure un grand sentiment de liberté. Alors, imaginez que vous habitiez un village où la neige est si abondante qu'elle vous oblige à y rester pendant presque tout l'hiver! C'est la situation que vivaient plusieurs habitants des villages québécois d'antan. Pour retrouver cette liberté de mouvement, il fallait concevoir un véhicule léger, muni d'un moteur, d'une traction et d'une suspension adapté à la consistance changeante de la neige et qui, en plus, ne s'y enfonçait pas. Durant les années 1920-30, la construction d'un tel véhicule était exactement le défi que s'était donné un jeune homme inventif et entrepreneur du nom de Joseph-Armand Bombardier de Valcourt, Québec. Le barbotin-chenille Des résultats marquants, même en période de guerre Nous sommes en temps de guerre et des restrictions sont imposées à tous. L'usine Bombardier doit ralentir sa production mais parvient tout de même à fabriquer une autoneige de 12 places, la B12, brevetée en 1942. «Contrairement à l'autoneige B7, équipée d'un moteur V8 Ford “flat head” de 85 hp, la B12 est propulsée par un moteur Chrysler industriel. En plus de corriger l'exposition des barres de conduite en les inclinant vers l'intérieur, on a ajouté une quatrième roue et une suspension indépendante, ce qui lui a donné une meilleure stabilité. Cette stabilité lui provient également de ses chenilles d'une largeur de 12 pouces (30,5 cm), pour une portance totale de 72 pouces (180 cm)», explique Guy Pépin, conservateur et restaurateur du Musée J. Armand Bombardier depuis plus de 12 ans. Dans son effort de guerre, l'usine Bombardier a étendu sa production à une plus grande gamme de véhicules chenilles à vocations industrielle et militaire. De fait, entre 1942 et 1946, monsieur Bombardier s'est inspiré de la B12 pour produire plusieurs autoneiges blindées à chenilles pour l'armée canadienne, comme la B1 et les modèles Mark I, II et III. Pendant cette période, il en a fourni plus de 1900 exemplaires. Des autoneiges utiles Le «snowmobile» B12 est construit à plus de 2817 exemplaires entre les années 1942 et 1951. Pour répondre aux différentes attentes des clients, notamment, pour le service des postes, les transports de matériaux ou encore ambulanciers, il subira quelques modifications. Des autoneiges adaptées aux besoins Cette persévérance a amené l'inventeur-entrepreneur Bombardier à développer au cours des années 1950 un tracteur tout chenilles passe-partout, le Muskeg™ ainsi que le premier véhicule chenillé conçu pour l'exploitation forestière, le J5™. Grâce à son savoir-faire, il mettra au point un mécanisme de traction TTA («Tractor Tracking Attachment») et une nouvelle série dite R. Ces autoneiges seront dotées d'une carrosserie, non pas d'aluminium et/ou de bois comme pour la B7 et la B12, mais d'acier. La création de la Fondation et du Musée J. Armand Bombardier «Les “snowmobiles” Bombardier ont vraiment révélé au monde le génie d'un bâtisseur et d'un visionnaire audacieux. Les collectionneurs comme Gilles Samson perpétuent par leur passion une véritable reconnaissance de ce génie québécois en les préservant soigneusement. C'est pourquoi, non seulement le Musée donne des conseils sur l'acquisition et la conservation des “snowmobiles” mais, également leur restauration. Pour les consever autant que possible à leur état original, notre Service de muséologie offre des méthodes précises à appliquer», de mentionner Guy Pépin. Pour Gilles Samson, l'autoneige Bombardier n'est pas seulement un véhicule avec lequel on peut aisément se déplacer en hiver. «Cela fait plus de 35 ans que je collectionne les “snowmobiles”. J'en ai 37 dans mes entrepôts. Ce qui me plaît de ces véhicules, c'est justement l'ingéniosité purement québécoise qu'il y a derrière. L'histoire de Bombardier, c'est l'histoire du Québec. Joseph-Armand Bombardier représentait ce que nous étions à l'époque de la Deuxième Guerre mondiale : des gens fiers, inventifs, persévérants et indépendants. Pour moi, cette quête est devenue une passion du coeur et de la raison», raconte Gilles Samson, qui a déjà commencé à transmettre cette passion à ses enfants. L'hiver, en voyageant dans différentes régions du Québec, il y a de fortes chances que vous aperceviez ces véhicules chenillés traversant une plaine enneigée ou sortant d'un sous-bois. Peut-être, cet engin typique sera celui de Gilles Samson, de Jocelyn Côté ou encore de Michel Béland, qui possède une collection complète de B12. Grâce à ces derniers de même qu'à Jean Aubry, Richard Dufresne, Jean-René Moreau et plusieurs autres, l'autoneige Bombardier rappelera toujours ce que le savoir-faire québécois peut offrir pour se sortir d'un banc de neige. |
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