Roctest
donne sa pleine mesure
Un jeu de position important se joue sur l'échiquier international de l'instrumentation des grands ouvrages et la compagnie Roctest détient plusieurs pièces maîtresses dans son camp. La direction de la société de Saint-Lambert voit grand pour l'avenir rapproché de la firme et, l'irrésistible essor qu'elle a connu ces dernières années, transforme des ambitions jusqu'alors impensables en attentes réalistes. Pour le président et chef de la direction, Pierre Carrier, les objectifs de la compagnie au tournant du millénaire sont sans équivoque: "il faut amener Roctest à un chiffre d'affaires de l'ordre de 40 à 50 millions $ et devenir ainsi le leader mondial dans notre domaine", affirme-t-il. Le domaine de Roctest, qui a été fondée en 1967, c'est d'abord la fabrication hautement spécialisée et la commercialisation d'instrumentation destinée à l'auscultation de grands ouvrages en béton tels ponts, tunnels et barrages. Les champs d'intervention qui ont fait sa renommée sont, entre autres, la mesure de paramètres comme la pression, la capacité portante, la perméabilité ou la déformation et toute la série de manipulations qui permettent d'évaluer le degré de fiabilité et de sécurité d'une construction d'envergure. Roctest produit aujourd'hui plus de 200 instruments différents pour accomplir un travail de grande précision. Parce que les filiales Irad Grade, acquise en 1987, et Télémac, en 1991, fabriquent des produits similaires, certains de ces appareils seront sous peu abandonnés. De même pour la firme française Géosim S.A., en 1997, qui offre une production complémentaire à Télémac. "Nous arrivons à deux prix pour deux productions semblables", dit Pierre Carrier. "Nous mettrons fin au dédoublement. Comme vous le constatez, celui-ci est apparu avec l'achat de compétiteurs. Il s'agit de garder le meilleur produit, pas nécessairement le moins coûtant, mais celui qui est le plus performant", conclut-il. La rationnalisation vaut aussi pour les activités de recherche et de développement. En fait, tout ce service sera rappatrié à l'usine de Saint-Lambert d'ici la fin de 1998. Roctest a toujours accordé une grande importance au secteur R&D. C'est la façon d'aller de l'avant dans l'industrie. Pour l'exercice financier 1997, la compagnie y a consacré près de 6% de son budget. C'est à la fois une contrainte et un avantage dans un milieu de haute technologie où l'obsolescence du matériel apparaît après quelques années. Roctest veille également sur le secteur des télécommunication grâce à une participation de 10% dans Kromafibre, une entreprise de Boucherville fabricant des filtres en fibre optique. En assumant ainsi un leadership technologique, Roctest reste près des besoins du marché et les devance. En ce moment, ce marché est en constante effervescence et Roctest ne se contentera pas de suivre le courant. Une administration chevronnée doit aussi être visionnaire pour anticiper une réalité et prendre les devants. Pierre Carrier définit les nouveaux pôles de croissance pour le positionnement de Roctest et cette croissance passe par la mise sur pied de systèmes intégrés, c'est-à-dire la conception, la fabrication et l'installation d'instruments, jusqu'au raccordement et la lecture de systèmes d'acquisition de données. "Nous voulons offrir un système de rapport des mesures", dit Pierre Carrier. "Notre but est de fournir de bonnes données fiables et il n'est aucunement question pour nous de procéder à l'interprétation des résultats. En somme, nous ne sommes pas là pour prendre la place des ingénieurs-conseils", insiste-t-il. Beaucoup de bureaux privés oeuvrent désormais en environnement. Si le marché traditionnel de Roctest a été l'instrumentation géotechnique et structurale, il débouche inéluctablement aujourd'hui sur l'environnement. On a bien-sûr besoin d'instruments pour calculer la qualité de l'air, de l'eau ou du sol. Pour répondre à cette demande accrue, Roctest a fait l'acquisition de GeoStructures Instruments en 1996, puis de Northtech Control Equipment l'année suivante. Ces deux compagnies ont fusionné sous un même ensemble corporatif en février dernier pour mieux concentrer les efforts entrepris dans le domaine environnemental. La nouvelle entité est depuis connue sous la dénomination sociale de Nortech GSI Inc. et elle draine un chiffre d'affaires de l'ordre de 5 millions $. "Pour consolider nos activités, il s'agissait pour nous de trouver un fabricant pour passer de distributeur à constructeur", résume Pierre Carrier. "C'est ce que nous avons fait depuis un an avec Nortech. La fusion des derniers mois nous permet de mieux manoeuvrer. Roctest va continuer à acheter mais en ciblant ses visées pour dénicher les plus grosses acquisitions dans le domaine environnemental. Nous avons maintenant un réseau de distribution au Canada, mais pas encore aux États-Unis", souligne-t-il. Car les États-Unis restent pour l'instant à la fois la pierre d'achoppement et la grande porte également pour accéder aux objectifs de l'an 2000. Il faut bien le redire, le marché américain présente un potentiel énorme. Mentionnons seulement que moins de 10% des 80 000 barrages aux États-Unis sont instrumentés. Les nouvelles terres à conquérir restent dans le collimateur du directeur et on veut agir avec célérité. Sauf que l'on doit composer cette fois-ci avec deux concurrents, ce qui n'est pas le cas du côté canadien. "Les États-Unis sont notre priorité et nous restons à l'affût pour prendre ce marché à l'intérieur d'un regroupement", affirme Pierre Carrier. Sans tambour ni trompette, le groupe est également présent sur le marché asiatique. Des projets sont déjà complétés en Corée du Sud, à Hong Kong, en Inde, au Pakistan et à Taïwan. Le contrat conjoint avec la firme SM sur le barrage Ertan, en Chine, sera achevé au début de 1999. Du côté européen, ce sont les filiales françaises élémac et Géocim S.A. qui veillent à la croissance des opérations sur ce continent. Selon la documentation corporative, l'expertise et la technologie de Roctest est présente dans les grands ouvrages de plus de 75 pays à travers le monde. Il n'est alors pas étonnant pour l'entreprise de Saint-Lambert d'aspirer au titre mondial de numéro un de l'instrumentation géotechnique, structurale et environnementale. La société a terminé son dernier exercice financier avec un chiffre d'affaires de plus de 17 millions $, présentant une hausse de plus de 18% par rapport à l'exercice précédent. |
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