Reconstruction du pont Marius-Dufresne

L'armée canadienne appelée en renfort

 

par Claude Fugère

 

Les villes de Laval et Rosemère voudraient voir débarquer sur leur rives l'armée canadienne, qui y déploierait un pont flottant, le temps que dureront les travaux de reconstruction du pont Marius-Dufresne.

Ce pont , situé sur la route 117, enjambe la rivière des Mille-Îles et 25 000 véhicules l'empruntent tous les jours.

Dans une lettre signée conjointement le 27 janvier dernier, le maire de Laval, Gilles Vaillancourt, et le maire de Rosemère, Yvan Deschênes, demandent l'appui du premier ministre Lucien Bouchard pour qu'il appelle l'armée canadienne à la rescousse.

"Toute intervention de l'armée dans une province se fait à la demande du premier ministre concerné, sauf dans les cas d'extrême urgence, comme les catastrophes naturelles", explique France Hamel, l'attachée de presse du maire de Laval.

Mais au ministère des Transports, on dit qu'on a déjà pris les devants. "On n'a pas attendu la demande des 2 villes pour vérifier avec l'armée, qui n'a à sa disposition que 365 mètres de pont, alors qu'il en faudrait 475 mètres", dit Yvan Paquette, porte-parole de Transports Québec. La section manquante pourrait être louée d'une entreprise américaine, mais au prix de quelques millions de dollars. Cette solution temporaire ne mène donc nulle part pour Transports Québec. Les automobilistes en seront quittes pour faire un détour de quelques kilomètres, via l'autoroute des Laurentides qui est déjà engorgée à l'heure de pointe.

Le pont Marius-Dufresne, inauguré en 1946, doit être reconstruit à neuf. Seuls les 13 piliers seront conservés. L'acier soudé utilisé pour les 2 poutres de structure, sur lesquelles repose le tablier, est affaibli par des fissures.

Depuis l'an dernier, les camions et autobus y sont strictement interdits, avec une surveillance policière presque continuelle. Mais en novembre, un gabarit a dû être installé aux deux extrémités du pont, pour empêcher le passage des véhicules de plus de 2,5 mètres de haut. Tout ça parce qu'en une seule journée, on avait compté jusqu'à 71 passages de camions en infraction. Même l'entretien d'hiver, déglaçage et déneigement, s'effectue avec des camionnettes légères. Ce déploiement de mesures n'a rien pour rassurer les usagers. "Je me demande tous les matins si le pont va tomber", dit Louise Bouchard, une résidente de Sainte-Thérèse. Transports Québec préfère parler de mesures qui n'ont qu'un caractère préventif, mais la réfection du pont est jugée prioritaire.

L'appel d'offres devrait être lancé dans les prochains jours. Les travaux, évalués à 10 M$, pourraient commencer à la mi-avril et être complétés à l'automne.

Au Québec, 8 ponts du même genre ont été construits entre 1936 et 1950. Et ils sont tous affaiblis par le même problème de fissures, probablement causé par le type d'acier employé. Le pont de Bécancour, sur la route 132, a été le premier où le problème a été détecté l'an dernier, il est maintenant fermé. Et il attend une enveloppe budgétaire pour être reconstruit. Le pont Arthur-Sauvé, entre Laval et Saint-Eustache, a déjà fait l'objet de travaux, mais d'autres sont à prévoir.

Quant aux autres, ils sont situés sur des routes à faible circulation en Abitibi et au Saguenay-Lac-Saint-Jean, très loin donc, de la liste des priorités.


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