Travaux routiers au Québec :
L'année 1996 n'avait pas commencé sur les chapeaux de roues pour le ministre. En lançant la saison des grands travaux routiers dans la région de Montréal, en mai dernier, il n'avait qu'une petite enveloppe budgétaire de 58 millions $; une baisse de 43% par rapport à l'année précédente. Sans compter que plus de la moitié de cette somme, 30 millions $, allait pour la réfection du pont-tunnel Louis-Hyppolite-Lafontaine. D'ailleurs, le ministre a eu un trou de mémoire quand il s'est fait demander jusqu'en quelle année fallait-il remonter pour trouver des budgets si maigres. "On ne se souvient pas d'avoir déjà vu des investissements si faibles", a-t-il laissé tomber, après avoir consulté son entourage. À la grandeur du Québec, les 28 000 kilomètres de routes sous la juridiction du ministère des Transports n'ont reçu que 291 millions $, soit la moitié moins que les années précédentes. Le ministre a admis qu'on ne pourrait pas continuer aussi longtemps comme ça. "Les sommes requises pour remettre le réseau en état seront beaucoup plus considérables, si on le laisse se dégrader", constate le ministre. Mais dans les circonstances, son ministère, "comme les autres, se devait de participer à l'effort de compression budgétaire du gouvernement vers le déficit zéro." Un fonds... sans fonds "Ça a permis de disséminer, à travers le Québec, une multitude de petits contrats", dit Yves Mailhot, administrateur de l'ACRGTQ. "On a fait beaucoup de saupoudrage d'asphalte, mais peu de réfection majeure", dit-il. Par exemple, sur l'autoroute 20, entre Montréal et Drummondville, qui est pourtant la principale artère du Québec, "il n'y a eu que 2 petits contrats. On est rendu au bout. S'il fallait passer une autre année comme ça, ce serait l'enfer, et ça va coûter très cher plus tard", prévient-il. Le ministre Brassard admet qu'une portion de 30% du réseau routier, qui est évalué globalement à 30 milliards $, est considérée comme déficiente. Pour Yves Mailhot de l'ACRGTQ, "le ministre est très réceptif aux problèmes du réseau routier, qui se dégrade plus vite qu'on ne le répare parce qu'on n'a pas les budgets suffisants pour le maintenir." Et depuis le temps que les automobilistes n'en ont pas pour leur argent - à peine 1 dollar sur 3 qu'ils versent en taxes retourne dans l'entretien du réseau - la création du Fonds leur envoie aussi un message. Théoriquement, les contributions qu'ils devront y faire "ne pourront être attribuées au'aux fins pour lesquelles elles ont été prélevées." Le ministre n'exclut aucune avenue de financement pour garnir le Fonds de conservation et d'amélioration du réseau routier : taxe additionnelle sur le carburant, augmentation des droits d'immatriculation, vignettes de circulation, et même le retour des péages. Jacques Brassard rejoint en ce sens, les suggestions de l'ACRGTQ faites à la Commission sur la fiscalité et le financement des services publics, l'année dernière. Selon Yves Mailhot qui y présentait le mémoire de son association, "les contribuables digéreraient plus facilement un cocktail de taxes, qu'une seule et grosse taxe." Le ministre a jusqu'au mois d'avril pour y songer, soit jusqu'au dépôt du prochain budget Landry. Les premières mesures pour sauver le réseau routier y seront alors annoncées. |
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