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Les grands chantiers
du siècle : le réseau d'autoroutes Par Sylvain Lafontaine
En 1994, la Société américaine des Ingénieurs civils a désigné le réseau d'autoroutes qui relie les différents états américains comme étant une des 7 merveilles des États-Unis. À tout le moins, il faut reconnaître que le réseau routier américain est un des plus fonctionnels de la planète. Il n'a pas fait qu'unir une nation, il a stimulé l'économie de ce pays et aidé à la croissance de la production américaine depuis le début de ce projet en 1956. En fait, il s'agit du squelette de la plus forte économie mondiale.
Le réseau national routier américain prit véritablement
son envol deux décennies plus tard grâce au Président
Eisenhower qui mit tout son poids politique pour la réalisation de
ce projet. Ses raisons étaient les suivantes : l'économie
entière du pays bénéficierait d'un tel réseau
de transport et la mobilité de son armée de terre se trouverait
grandement facilitée en cas de conflit. Pour appuyer son argumentation,
Eisenhower fit référence aux fameuses «autobanhs»
allemandes, des autoroutes à 4 voies traversant ce pays et
qui expliquent en partie la raison de l'avancée faramineuse des troupes
allemandes lors de la 2e Guerre mondiale. En 1956 donc, le
«Federal-Aid Highway Act» fut entériné, ce qui
fit démarrer le plus imposant projet de travaux publics de l'histoire
américaine, soit la construction de tronçons d'autoroutes
d'une longueur totale de 41000 miles (66000 km) reliant la plupart des villes importantes
du pays. Ce projet de loi prévoyait initialement une participation financière de 50% entre le gouvernement fédéral et les différents États américains, selon un modèle similaire aux récents projets d'infrastructures canadiens. Cependant, l'apport du gouvernement fédéral augmenta à 90%, car on réalisa rapidement que ce projet était d'envergure nationale. Le financement se fit à même les impôts des contribuables et par la taxation de l'essence. Une fois construites, les autoroutes étaient remises aux différents États concernés qui, en contrepartie, devaient en assumer les coûts d'opération et d'entretien. La réalisation de ce réseau routier national devait se faire en 13 années et devait coûter 37,3 milliards $US. Dans les faits, la construction s'échelonna sur près de 40 ans et la facture gonfla à 130 milliards $US; l'addition de tronçons au réseau, l'inflation, l'éveil aux impacts sociaux et environnementaux, la complexification du réseau urbain, tous ces facteurs expliquent l'ampleur des dépassements. Le réseau a été construit en mettant l'emphase sur la sécurité et l'efficacité. Les croisements avec les routes transversales ne se retrouvent jamais au même niveau, et des voies de desserte y ont été prévues. Près de 55000 ponts et échangeurs ont été construits. Des études conservatrices ont démontré que chaque dollar investi dans le réseau a rapporté plus de six dollars en économie et productivité. De plus, il a été établi que l'amélioration du réseau routier a réduit le nombre d'accidents automobiles et cela malgré l'augmentation inévitable de la circulation. Plusieurs assureurs estiment que près de 187000 décès et 12 millions d'incidents ont pu être évités depuis les quarante dernières années grâce à la réalisation du projet. On peut déclarer aujourd'hui que le système routier national a transformé l'Amérique. En plus de créer un véritable style de vie, il a stimulé l'économie de tout le pays et est un des facteurs qui a contribué à élever l'économie américaine au premier rang à l'échelle planétaire.
Références :
Série Les grands chantiers du siècle :
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