Les grands chantiers du siècle : le haut barrage d'Assouan
Le haut barrage d'Assouan qui se dresse devant le Nil au sud de l'Égypte a changé à jamais le visage de la vallée du plus long fleuve d'Afrique. Faisant à l'origine l'objet d'une vaste intrigue internationale, il procure à la fois de l'électricité et une capacité d'irrigation à près de la moitié de la nation égyptienne. Il fait partie d'un club sélect d'infrastructures qui ont eu un impact majeur sur une région du globe. Depuis des millénaires, l'Égypte est tributaire des eaux
du Nil. Source de vie, les eaux de ce fleuve légendaire ont toujours
apporté à la fois des avantages et inconvénients importants.
Avant la construction du barrage, l'Égypte devait faire face à
des inondations annuelles importantes qui avaient toutefois Les fonds recueillis afin de permettre sa construction avait la particularité de provenir en partie de l'Union Soviétique. Le choix de cette source était révélateur des tensions qui existaient alors dans cette région du globe, l'Égypte devant protéger sa souveraineté face à des nations aussi importantes que la France, Israël et la Grande-Bretagne, pays qui avaient tenté sans succès d'envahir l'Égypte en 1956 lorsque le gouvernement égyptien nationalisa le canal de Suez, lieu stratégique pour la circulation maritime de cette région du monde. Environ le tiers du coût de la construction (sur un total de près d'un milliard $) provenait d'Union Soviétique. D'ailleurs la contribution du géant communiste ne se limita pas qu'à l'aspect monétaire car plus de 400 techniciens et ingénieurs du bloc de l'Est furent employés lors de la réalisation des travaux. Les 650 millions $ manquants furent prélevés à même les bénéfices engendrés par la nationalisation du canal de Suez. Normalement, la construction d'un barrage d'une telle ampleur apporte son lot de contro-verses et le Haut barrage d'Assouan ne fit pas exception. Bien que vital pour le développement du pays, le barrage allait créer un immense réservoir d'eau qui recouvrerait une région riche en vestiges archéologiques. En 1960, une importante opération de sauvetage dirigée par l'UNESCO fut réalisée afin de préserver les monuments les plus importants. L'opération se déroula en trois étapes : exploration de la région affectée, excavation des sites archéologiques et finalement le déménagement de certains monuments. Des monuments furent démantelés et déplacés, 20 en Égypte et 4 au Soudan (pays voisin dont une partie du territoire allait être recouvert par les eaux du futur réservoir) et le site le plus important fut sans contredit celui des temples nubiens d'Abou Simbel qui à eux seuls mobilisèrent plus de 900 personnes pendant plus de deux ans. Plusieurs autres monuments n'eurent toutefois pas cette chance et furent engloutis par les eaux, non sans avoir fait l'objet d'étude de la part d'archéologues venus de partout à travers le monde.
La réalisation de ce barrage eut plusieurs effets bénéfiques sur la région : contrôle du débit du fleuve, élimination des inondations annuelles, augmentation de plus de 50% du pouvoir élec-trique de cette région, augmentation marquée du pourcentage de terre arable, augmentation de la production agricole de cette région et un réservoir liquide de plusieurs années d'irrigation en réserve. D'ailleurs, grâce à ce réservoir, l'Égypte fut en partie épargnée de la haute sécheresse qui a sévi à la fin des années 80 en Afrique.
La réalisation du haut barrage d'Assouan eut un impact majeur sur l'Égypte. Il a permis à ce pays de se munir d'une véritable politique agricole et lui a assuré une véritable indépendance énergétique, lui permettant ainsi de solidifier sa base industrielle. Malgré les désagréments causés par son existence, le haut barrage d'Assouan figure en bonne position parmi les grandes réalisations d'infrastructures de ce siècle.
Références :
Série Les grands chantiers du siècle :
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